Rock & Folk

Supertramp

“BREAKFAST IN AMERICA”

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A&M

Supertramp ça commence comme un pari de fin de banquet, un millionnai­re hollandais qui se construit son groupe en piochant chez les pointures de studio british à la fin des années 60. L’affaire tourne vite au vinaigre mais deux des recrues, Rick Davies (claviers) et Roger Hodgson (basse) font monter la sauce Supertramp. Une poignée de disques plus loin — “Crime of the Century” (1974), “Crisis ? What Crisis ?” (1975) et “Even In The Quietest Moments” (1977) — le groupe est prêt à servir son plat de résistance “Breakfast In America”. Sur “Breakfast...”, Supertramp affine la recette qui lui a déjà valu quelques succès (les singles “Dreamer” ou “Give A Little Bit”) : pulsation rock tranquille, voire jazzy, harmonies de voix haut perchées entre Davies et Hodgson, mélodies pétillante­s souvent rehaussées par les parties du saxophone John Helliwell et sur le fond des propos aux saveurs douces-amères sur des crises amoureuses ou économique­s. “The Logical Song” découpe la société dans toute sa largeur (ou sa bassesse ?) du “liberal” (un libertaire) ou “vegetable” (un légume). Sous ses airs tranquille­s de blues électrique, “Take The Long Way Home” pose la question de l’appartenan­ce, au couple, au groupe, à la société en démontrant que l’enfer commence souvent chez soi. Et sous son clinquant, le single-titre “Breakfast In America” raconte la morne existence des jeunes anglais (Roger Hodgson himself) rêvant d’Amérique, son soleil, ses filles et ses petits dej’ XXL ! Aussi autobiogra­phique que soit le titre “Breakfast In America”, il deviendra tout bonnement prémonitoi­re pour Supertramp : puisque le groupe va percer aux USA avec plus de 4 millions d’exemplaire­s écoulés là bas. Le groupe est récompensé d’un Grammy Award pour la pochette de l’album : cette vue d’avion sur un New York fait de tasses de café de fourchette­s en plastiques et de salières avec en premier plan une certaine Libby, Statue de la Liberté relookée en serveuse de dinner plantureus­e ! “Breakfast...” ouvrira l’appétit des programmat­eurs de radios FM sur toute la planète mais c’est en France, pays de fines-gueules, que Supertramp viendra s’en payer une bonne tranche : l’album figure encore aujourd’hui dans le top 10 des plus grosses ventes de l’histoire et c’est à Paris que Supertramp viendra enregistre­r son premier album live en 1980. THOMAS CAUSSE OÜI FM

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