The Jesus And Mary Chain
“PSYCHOCANDY”
BLANCO Y NEGRO
Après quelques coups de pied donnés dans la fourmilière, “Up Side Down”, “Never Understand”, “You Trip Me Up” ou “Just Like Honey”, histoire de préparer le terrain, les frères Reid, William et Jim, accompagnés d’un pote bassiste et d’une boîte à rythmes, lancent un premier album. “Psychocandy” explose dans un marasme ambient, essuie les plâtres et déchaîne les passions. Le groupe de Glasgow se fait un nom propre avec un son sale, tandis que le titre de son album devient nom commun, une nouvelle étiquette à lui seul. “Psychocandy” ou noisy pop : le miel et le chaos, sauce aigre-douce version douche écossaise. Les Jesus lancent la mode des noms à rallonge, donnent le signal de l’assaut à la future génération “C-86” (cassette éditée un an plus tard par le NME, consacrant le renouveau de la pop british, mêlant ligne claire, pop anorak et dirty sound). L’Ecosse, également berceau des Pastels, devient le point de mire. La fièvre se répand et gagne le reste du royaume. Tous les jours de nouveaux groupes, de nouveaux disques, fleurissent, qui explorent les possibilités du recyclage, compilent les décennies précédentes en concassage insouciant. Jeunesse et enthousiasme sont les mots clés et The Jesus And Mary Chain, la clé de voûte de l’édifice. Avec leurs morceaux rapides et abrasifs, en réaction aux chansons longues, tristes et sérieuses des années cold, ils privilégient l’aspect artisanal aux grosses productions. Signant momentanément l’avis de décès du clavier, usé jusqu’à l’overdose par les poppies british, ils annoncent le retour en force des guitares, remettent feedback et fuzz au goût du jour. Après tant d’années synthétiques et doucereuses, on redécouvre l’instrument avec passion, un rapport amour/ haine qui tend à le martyriser, à en tirer les sons les plus crades et primitifs, dans un esprit plus bon enfant que sado-maso. Noyée sous les effets et la saturation, la mélodie est pourtant présente, simple mais accrocheuse. “N’importe qui aurait pu prendre sa guitare et faire ce disque. Sauf que personne n’y a pensé, expliquait modestement Jim à l’époque avant de résumer la recette du succès à un simple dosage :
100 % d’imagination , 0 % de technicité.”