Sepultura
“ROOTS”
ROADRUNNER
Comme Slayer et tant d’autres dans le domaine du metal, Sepultura a publié une poignée d’albums dispensables avant de sérieusement recadrer le tir. D’abord influencé par Metallica puis flirtant avec le death metal, le quatuor brésilien a énormément progressé techniquement, au point de devenir l’un des groupes les plus respectés dans le thrash au début des années 90. Après avoir explosé avec “Arise” puis enfoncé le clou avec “Chaos AD”, Sepultura a fait le pari en 1996 de se renouveler sur “Roots” en injectant des éléments traditionnels à son metal dévastateur. Et l’osmose est réussie au-delà des espérances entre les chants des Xavantes, tribu amazonienne menacée par la cupidité du gouvernement brésilien, et l’agressivité digne d’un escadron de la mort en mission de ces extrémistes de Belo Horizonte. Sans omettre l’apport considérable des percussions du compatriote Carlinhos Brown, présent sur plusieurs titres de ce sixième album. Remarquablement produit par Ross Robinson, futur mentor de Korn, “Roots” laisse peu de répit entre sauvagerie et haine, rage et discours radical. Déchaîné comme jamais, Igor Cavalera fait subir à sa batterie un traitement de choc dès les premières secondes de “Roots Bloody Roots” tandis que son frère Max, tel un volcan en éruption, déverse des flots de voix sanglantes. La rythmique bulldozer poursuit le travail de destruction avec la complicité de guitares aussi affûtées qu’une guillotine. Une avalanche de percussions envahit ainsi “Ratamahatta” sur fond de lamentations et chants primaires que se partagent, en portugais, Carlinhos Brown et Max Cavalera. Ce dernier, véritable âme du gang qui ne sera plus le même après son départ en 1997, ne renie pas son penchant punk hardcore sur les chaotiques “Breed Apart” et “Straighthate”. Avec la complicité de DJ Lethal (Limp Bizkit), Jonathan Davis (Korn) et Mike Patton (Faith No More), Sepultura offre une version très sombre d’un rap-metal torturé. Une incursion réussie avant que la violence ne reprenne le dessus dans “Born Stubborn”, “Attitude” et “Endangered Species”. Aussi explosif qu’un règlement de comptes dans les favelas de Rio ou São Paulo, “Roots” conjugue efficacité et originalité qui en font l’un des meilleurs disques metal de la décennie.