The Richmond Sluts
“THE RICHMOND SLUTS” DISASTER RECORDS
Si l’étiquette culte est souvent un peu galvaudée, elle est tout à fait appropriée pour les Richmond Sluts. Souvenons-nous du début des années 2000. Après le long tunnel qui a suivi le trépas de Kurt Cobain, et qui a vu l’avènement des musiques électroniques comme du rap, tout à coup, c’était l’effervescence : le retour du cuir et des guitares. Les Strokes ont sonné la révolte à New York, bientôt suivis par les Libertines à Londres. Du côté de San Francisco ont alors surgi les Richmond Sluts, quartette mené par Shea Roberts, coupe Keith Richards début seventies. Un gang bravache, d’une classe folle, qui représentait alors une forme de fantasme rock’n’roll : voix narquoise façon Mick Jagger, guitares tendues et barbelées à la Johnny Thunders, soutenues par la rythmique implacable de la paire Chris Beltran/ Brad Artley et l’orgue Farfisa de Justin Lynn, baladeur, comme issu de la compilation “Nuggets”. L’épileptique “Drive Me Wild”, avec son final furieux, est un premier moment de grâce stoogien. La haletante “Bittersweet Kiss” semble être un inédit des New York Dolls. “Sad City” est un grand morceau, emmenée par un orgue entêtant, ponctué de quelques mots définitifs (“Certains rêvent de leur vie, tandis que je rêve de ma mort”). “Drama Girl” et son phrasé nonchalant lorgne méchamment du côté des Heartbreakers. Outre son excellence musicale, ce disque se distingue aussi par ses textes, poésie urbaine et thrash. Les addictions sont partout : ici “Service
For The Sick”, qui narre les habituelles angoisses du camé en quête de sa dose, là une histoire d’amour impossible sur fond de dope (“Junkie Queen”). Sont aussi abordées les bringues du samedi soir (“Paddy Wagon”), les tentatives de drague (“City Girls”), et bien sûr la gueule de bois du lendemain (“Thought I Was Dead”). Comme de bien entendu, les Traînées brûleront la vie par les deux bouts et ne referont surface que quinze ans plus tard, avec le délectable “60 Cycles Of Love”.