Rock & Folk

Purple Mountains

“PURPLE MOUNTAINS”

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Il n’est pas certain que le bermanisme soit une religion prosélyte. Tout du moins, après dix ans de silence et l’abandon des Silver Jews, ce premier album-hostie des Purple Mountains semble essentiell­ement adressé à ceux qui attendaien­t de communier à nouveau avec le poète. Trouveront-ils son état d’esprit empiré depuis “Lookout Mountain, Lookout Sea”, ultime album des Silver Jews ? Début de “That’s Just The Way I Feel”: “Je n’aime pas me parler à moi-même, mais quelqu’un doit bien le dire : les choses ne vont pas trop bien et cette fois, je crois que je vais me buter.”

Qu’a fait David Berman durant sa décennie d’exil ? Il a révélé l’identité de son père — un lobbyiste de l’industrie de l’alcool et des sodas surnommés Dr Evil ; refusé les 150 000 $ de HBO qui voulait transforme­r son histoire en série, trollé sur internet, divorcé de celle qui était sa femme depuis 20 ans et “joué à la poule mouillée avec l’oubli”. En pleine forme donc, l’homme qui avait attenté à sa vie en 2003 et s’adonnait avec passion au crack fait un retour à 52 ans avec Woods comme backing band. Et forcement, l’album est mi-féroce (“Quand j’essaye de noyer mes pensées dans le gin, je découvre que les pires ont appris à nager”), mi-mélancoliq­ue (“Les fantômes sont seulement de vieilles maisons rêvant de gens dans la nuit”). Musicaleme­nt, David Berman ne fait toujours pas dans la polka, mais a repris sa veine de Neil Young de l’indie rock en démarrant son album très fort et le terminant sur une face B parfaite. Finalement, il se pourrait que le bermanisme

trouve de nouveaux adeptes en 2019. THOMAS E. FLORIN

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