Rock & Folk

Andy Shauf

“THE NEON SKYLINE”

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Le difficile second album ? Non. L’excellent “The Party” (2016) n’était pas un tour de Shauf mais déjà le quatrième disque d’Andy. Pourquoi la tête d’Andy Shauf dépasse-t-elle dans le rang des jolis poppeux auteurs de ballades susceptibl­es de passer sur FIP ? Cela tient à de petits riens, ces arrangemen­ts à vent, cette voix mâchonnée, ce phrasé qui évoque le Paul Simon des années 70, celui qui avait l’habitude de précipiter les mots dans les mélodies, comme des usagers de la RATP dans un bus parisien, celui auquel Andy rend hommage avec ses cheveux courts et sa casquette rouge, clins d’oeil à la pochette de “One-Trick Pony” (1979). Un poil de jazz dé-rythmé dans la batterie caressée aux balais (“Clove Cigarettes”), des tours de phrases mélodiques qui partent à gauche quand on les attend à droite (“Where Are You Judy”), des refrains haïkus (“The Moon”, “Things I Do”), tout chez le songwriter canadien est sophistiqu­é, cultivé, raffiné, exquis, même sa province d’origine (le Saskatchew­an, nettement plus original que le Québec ou l’Ontario). Quand on se recommande de Simon, Nilsson, Elliott Smith, Earlimart ou Josh Rouse, forcément, il faut ce petit plus chiadé qui permet de les assembler sans trop ressembler à aucun d’entre eux. Ni folk, ni rock, bien au contraire, cette musique ne pourrait pas venir d’un garage, ni être née en se balançant sur un rocking-chair. C’est une jazz pop citadine, 100% urbaine. Parfois, Andy chante comme on s’ennuie, il chante comme s’il était déjà 21 h 30 et qu’il ne voulait surtout pas réveiller les voisins. Il y a des guitares, bien sûr, il n’y a même presque que ça, mais elles ressemblen­t à un matelas moelleux, à une couette en lin, à un chat à poils longs sur le radiateur du salon. A l’image de certains cinéastes new-yorkais, Andy Shauf fait de la musique d’appartemen­t, de la musique adulte, pour adultes consentant­s. Là, les vignettes de “The Neon Skyline” s’accrochent, comme des pigeons sur la gouttière. Le disque terminé, elles s’envolent et disparaiss­ent à l’horizon, sans trop laisser de traces, si ce n’est un subtil pincement de nostalgie. Charmant, vraiment, le temps que ça a duré.

LéONARD HADDAD

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