Rock & Folk

The Police

“REGGATTA DE BLANC”

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A&M

Il fallait tout de même être sacrément gonflé pour baptiser son groupe The Police en 1977, tandis que déferlait la vague punk. A l’instar de Dire Straits, véritable ovni en ces temps de crêtes iroquoises, perfectos frappés d’un A cerclé et murs de crachats, The Police, le plus reggae des groupes new wave, se fit une place à grands coups d’épaule et en jouant partout où la taille de la scène permettait de poser une batterie et deux amplis. Comme l’atteste “Reggatta De Blanc”, deuxième album paru en 1979 qui synthétise mieux le son et l’esprit du groupe que son prédécesse­ur, remarquabl­e déclencheu­r de carrière mais trop bien exécuté pour être vraiment punk et pas assez reggae pour se démarquer de la concurrenc­e, c’est en concoctant sa propre formule que The Police assit sa réputation. Pour le bassiste/ chanteur Gordon Sumner (Sting), Andy Summers (guitare) et Stewart Copeland (batteur et frère du manager), la musique doit venir de l’intérieur, de la puissance d’un trio, chaque instrument complétant les deux autres, sans chercher à briller seul. Renforcé par cette concision toujours gardée en ligne de mire, l’indéniable talent d’écriture de Sting devait assurer au groupe une décennie de tubes. Deux hits colossaux embrasent “Reggatta De Blanc” : “Message In The Bottle” et “Walking On

The Moon”. Le premier débute rageur, fonce jusqu’au refrain, puis se liquéfie en un reggae /dub qui donne tout son sel à l’affaire. Le second, façon Marley — on est proche du “Roots, Rock, Reggae” du pape rasta — louvoie autour d’un riff de basse simpliste mais groove qui laisse respirer les accords downbeat et flangés de Summers. En dents de scie, la mélodie s’approvisio­nne dans le haut médium très en reverb, conférant à ce titre phare son allure de chant rituel. Autour de ces deux réussites, se pressent la résolument pub-rock “It’s Alright For You” et la très Joe Jackson/ Madness “On Any Other Day”, reconnaiss­able à sa mélodie chantée (?) à trois. “Bring On The Night” mêle dextérité et saveurs africaines laissant deviner une future carrière solo pour Sting. Kinks en diable, “Does Everyone Stare” rappelle au monde que ces Anglais sont fiers de l’être et “No Time This Time”, pressée d’en finir, conclut l’album sur une touche d’urgence déjantée qui définit parfaiteme­nt The Police. JEROME SOLIGNY

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