Rock & Folk

Yeah Yeah Yeahs

“FEVER TO TELL” SHIFTY/ UNIVERSAL

- VINCENT HANON

Chauds les lapins. Après un EP (“Bang”) aussi remarquabl­e que remarqué, voici qu’arrive dans la joie et la bonne humeur l’album des Yeah Yeah Yeahs ou onze morceaux neufs aux crochets mélodiques affûtés pour dégorger la trompe d’Eustache. Introduit par quelques notes d’orgue, “Rich” met les deux pieds dans le plat et éclabousse tout sur son passage avant de céder la place à “Date With The Night !”, premier simple à haute teneur rockabilly. Loin devant, la chanteuse de Brooklyn descend en haut et monte en bas le plus naturellem­ent du monde. Karen O endosse tous les fantasmes et montre tout en titubant sous le couvert de l’hystérie. Il serait débile de la comparer à Debbie ou à Janis. Autant parler de Joan Jett. Mais dès qu’elle cause de “Modern Romance”, cela ne peut pas être joyeux, plane alors l’ombre de la Factory et de Nico Undergound. Toujours pas de basse et tant pis si ça fait mal au cou. Les Yeah Yeah Yeahs n’ont pas peur de se blesser. Il y a des marques de rouge à lèvres sur la grosse caisse de Brian Chase et des tessons de bouteille au fond de l’ampli de Nick Zinner. Cet enregistre­ment est gonflé de plaies et de bosses, souvent le prix à payer pour s’envoyer en l’air. Mixé à Londres avec Alan Moulder, “Fever To Tell” dégage un son garage super minimum qui permet à cette musique pleine de tachycardi­e, parfois salope à en baver puis belle à en frémir, de déboucher sur un orgasme aussi simple que celui des Liars est tordu : “Black Tongue” ou “Maps”. Ceux qui s’amusent à compter les coups en the peuvent faire semblant d’exister, les Yeah Yeah Yeahs sont, eux, totalement en phase avec leur premier jet.

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