Rock & Folk

The Ronettes

- NICOLAS UNGEMUTH

“…PRESENTING THE FABULOUS RONETTES FEATURING VERONICA” PHILLES

Berry Gordy avait commencé à avoir du succès avec Martha & The Vandellas avant de découvrir les Supremes et de se concentrer sur elles, et Diana Ross en particulie­r… Phil Spector, pionnier, avait d’abord eu les Crystals (“Da Doo Ron Ron”), puis trouvé les Ronettes. Son vaisseau amiral, sa Rolls. Veronica “Ronnie” allait bientôt s’appeler Spector, et le label Philles, avait trouvé sa star absolue. “Presenting The Fabulous Ronettes Featuring Veronica”, premier 33-tours du groupe, est sorti en 1964, à l’époque où, en Amérique, les albums n’en étaient pas vraiment : il s’agissait avant tout de réunir les singles sortis précédemme­nt et de boucher les trous via des “fillers” rarement passionnan­ts. Ce n’est pas le cas pour ce disque époustoufl­ant qui, à l’exception de “What’d I Say” (présenté en faux live, dans une version très innovante), est stupéfiant d’un bout à l’autre. Il y a les compositio­ns de Spector, coécrites avec la crème du Brill Building — Barry Mann, Cynthia Weil, Ellie Greenwich, Jeff Barry—, absolument infernales : “Walking In The Rain”, “Do I Love You”, “(The Best Part

Of) Breakin’Up”, “I Wonder”, “When I Saw You”, une belle reprise de “Chapel Of Love” des Dixie-Cups, et les deux chefs-d’oeuvre absolus : “Baby I Love You” (repris par les Ramones) et, enfin, l’insurpassa­ble “Be My Baby”, qui a traumatisé Brian Wilson à tel point qu’il l’a régulièrem­ent décrite comme

“la plus belle chanson du monde” (l’intro mythique inspirera également celle de “Just Like Honey” des Jesus And Mary Chain) . Enfin, il y a la musique et le son. Phil Spector est le chef d’orchestre, le génie Jack Nitzsche s’occupe de tout faire sonner dans les studios Goldstar de Los Angeles. C’est un sorcier à qui l’on doit le Wall of Sound. On distingue un peu de saxophone, des castagnett­es, du tambourin, des claquement­s de main, des cordes parfaites, des choeurs angéliques, la basse et la batterie du merveilleu­x Hal Blaines, impeccable avec ses roulements divins. Le reste (guitares, piano) est à peine perceptibl­e. Tout baigne dans un écho de cathédrale. Ce pourrait être une bouillie en mono, c’est une vague, une coulée de lave qui sort des enceintes. Enfin, il y a la voix de Ronnie, ses trémolos si bien gérés, ce timbre tellement sexy, cette expressivi­té hallucinan­te (seule, à l’époque, Diana Ross pouvait atteindre ce niveau). Chef-d’oeuvre.

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