Rock & Folk

The Jesus And Mary Chain

- BENOÎT SABATIER

“DARKLANDS”

BLANCO Y NEGRO

Suite au succès de “Psychocand­y”, The Jesus And Mary Chain chope la confiance. William Reid le clame alors : “Je veux gagner autant de fric que Phil Collins. On sera le groupe qui prouvera qu’on peut jouer dans des stades sans faire de la merde.” Il faut donc un album qui ne soit pas que vacarme et chaos. “Notre musique n’est pas seulement bruyante. On a la même approche que les Beatles, qui pouvaient aussi bien enregistre­r ‘Helter Skelter’ que ‘Penny Lane’.” Les frères Reid doivent recruter une grande équipe. Bobby Gillespie étant retourné à Primal Scream, des batteurs sont auditionné­s. Personne ne leur convient : ils utiliseron­t une boîte à rythme. Warner leur colle dans les pattes les producteur­s de Tears For Fears. Jim Reid : “On n’avançait pas, ils ont proposé de finir un morceau de leur côté. Quand on est revenus, ces crétins hurlaient de joie : ‘On a trouvé ! C’est génial !’ On écoute : ils avaient juste ajouté une contrebass­e. On est partis dans un fou-rire, à deux doigts de se pisser dessus.” William prend les manettes. Le bassiste historique du groupe, Douglas Hart, n’est pas convié. Besoin de personne : Jim et William débordent de créativité. Sûrs de leur écriture, ils n’enfouissen­t plus leurs chansons sous un mur de saturation. “Pour nous, le feedback est un instrument comme un autre. Et nous en voulions moins.” Le premier single, “April Skies”, sort en avril 1987. Un hit, le plus gros de leur carrière. Il donne le ton de l’album, qui provoque un choc : c’est comme si un même groupe enchaînait sans crier gare “Fun House” avec “Sister Lovers”. L’esprit rock’n’roll se réinvente dans une pop accrocheus­e et racée. “Darklands”, enfilade de splendides chansons, prouve que les frères Reid ne sont pas que des surdoués du wall of guitars, mais des immenses compositeu­rs, au niveau du Lou Reed de 1969. Pour leur coup d’essai en 1985, les Mary Chain ont marqué l’histoire par leur radicalité ; ils la marquent une seconde fois ici grâce à des compositio­ns immortelle­s. Ils passent à Top Of The Pops, raflent un disque d’or, un succès finalement modeste par rapport aux stars de l’année, Madonna ou U2. William Reid n’a pas gagné autant de maille qu’eux, mais “Darklands” est un classique qui n’a pas de prix.

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