The Godfathers
“BIRTH, SCHOOL, WORK, DEATH”
EPIC
1988. Le rock anglais se remet à peine de Jesus And Mary Chain, et la noisy pop décolle. Et bientôt, tout cela évoluera vers le shoegazing invertébré ou la scène de madchester. Mais des irréductibles résistent. Ce sont les Godfathers et commencent chacun de leurs concerts par le générique du “Parrain” signé Nino Rota. Les Godfathers n’étaient pas exactement des perdreaux de l’année. Ils avaient débuté sous la bannière The Sid Presley Experience et sorti plusieurs singles explosifs. Dans les années 1980, après la séparation des Jam, une nouvelle scène mod, assez puriste mais explosive, était apparue, les Prisoners en étaient les héros. Sid Presley Experience s’en approchait, mais avec un son plus rock’n’ roll, moins rétro. Les influences sixties étaient évidentes, mais délivrées avec l’énergie du punk. Après un changement de personnel, le groupe se rebaptisa les Godfathers, avec les frères Coyne, sapés comme les frères Kray, les excellents guitaristes Kris Dollimore et Mike Gibson, et le batteur phénoménal George Mazur. C’est le line up classique d’un groupe qui en changera souvent. Au micro, Peter Coyne a la hargne de Johnny Rotten, et peut presque rapper comme Chuck D ; à la basse, son frère Chris, ultrachic sur scène, pose une section rythmique avec la complicité de George Mazur. Kris Dollimore est un guitar hero qui peut tout jouer, Mike Gibson assure une rythmique en béton. Mais ce qui compte vraiment sur ce premier album infernal, produit par le sorcier Vic Maile, c’est la qualité des compositions. Le morceau qui donne son titre à l’album (et qui cite Michael Caine d’emblée), d’un pessimisme digne d’Emil Cioran, résume parfaitement le nihilisme de ce groupe manifestement très marqué par les Pistols, mais avec les influences sixties en plus : “When Am I Coming Down”, évoquant une descente d’acide via un très mauvais trip, est du pur psychédélisme digne des Creation (dont les Godfathers reprendront plus tard l’énorme “How Does It Feel To Feel”). Puis arrive le grand classique du groupe, d’une noirceur et d’une brutalité absolues, “Cause I Said So” sur lequel Chris Coyne s’impose définitivement comme le chanteur anglais le plus teigneux de son temps. Haut les coeurs.