The Go-Betweens
“BEFORE HOLLYWOOD”
Alors qu’AC/DC compose “Highway To Hell”, débarque sans tambour ni casquette un nouveau groupe australien : The Go-Betweens, des esthètes plus portés sur le songwriting que sur l’autoroute du volume sonore. Dirigé par Robert Forster et Grant McLennan, le groupe enchaine plusieurs singles impressionnants, mais leur premier album, en 1982, déçoit. Le boss de Rough Trade, Geoff Travis, croit toujours au potentiel du groupe. Il lui cherche le producteur qui pourrait booster l’affaire : Jim Dickinson, Robbie Robertson, Lindsey Buckingham ? Tout le monde s’entend finalement sur un type plus connecté au son du moment : John Brand, qui a bossé avec Magazine. Robert Forster, dans son livre “Grant And I” : “On s’est installés à Londres alors que le rock était déclaré mort, il n’y en avait que pour Spandau Ballet. Nos intentions étaient très éloignées : aligner l’agressivité post-punk avec un songwriting pop.” The GoBetweens, en pleine explosion synthétique, croit encore aux guitares, celles entendues chez le Velvet Underground, Television, Modern Lovers, les Talking Heads des débuts ou celles du Dylan électrique. “Before Hollywood” bénéficie du “meilleur matériel que Grant et moi avions écrit”, dixit Forster, le Lennon du groupe, le guitariste arrogant — alors que McLennan, le bassiste romantique, ferait office de McCartney. Ce ne sera pas le cas quand ils sortiront des albums solos mais, ici, les compositions de McLennan dépassent celles de son ami. Robert le reconnaît : “Les chansons de Grant étaient énormes, construites sur sa plus grande force — les mélodies.” Il y a “That Way”, sur leur camarade Peter Walsh (The Apartments), parti chercher fortune à New York, il y a aussi la sublime “A Bad Debt Follows You” et “Cattle and Cane”, écrite sur la guitare de leur colocataire Nick Cave, qui deviendra un classique — du groupe, de l’indiepop, de la culture australienne. Forster se fend également d’excellents morceaux — particulièrement “On My Block”. Au même moment, deux nouveaux groupes provoquent l’engouement, REM et les Smiths. “Before Hollywood” les surclasse facile. Cet album restera toujours un des préférés de leurs auteurs qui, pourtant, enchaîneront avec des disques tous aussi magnifiques — même ceux de leur reformation dans les années 2000. Ici, pas de “Highway To Hell”, mais une succession de chemins vers le paradis. BENOîT SABATIER