Rock & Folk

Mercury Rev

- STAN CUESTA

“DESERTER’S SONGS” V2

Voici le quatrième album de Mercury Rev et on ne sait pas grand-chose de ce groupe. On garde seulement de vagues souvenirs de guitares hurlantes, bruits dadaïstes divers et délires tous azimuts. Peu importe. Ce disque est pour tout le monde. La musique y est merveilleu­se, bourrée d’émotion, de chaleur. Dès le premier morceau, “Holes” (un hit en puissance, dans un monde meilleur), on est accro. Mélodie magnifique, voix incroyable, perpétuell­ement au bord de la cassure (évoquant Neil Young ou Robert Wyatt), tapis de cordes jouées au Mellotron, flûtes, arrangemen­ts de toute beauté. Et ça continue tout au long de l’album, à coups de piano, B3, clavecin, scie musicale. Bien sûr, cette panoplie est revenue à la mode, employée à tort et à travers par une multitude de groupes nageant dans un vide créatif total, se rattachant uniquement à la forme par manque de fond. Pas de ça ici. Les chansons sont excellente­s. La folie de ces hommes a été canalisée, pour le meilleur, mais on la sent présente, prête à bondir à chaque détour de couplet. On la retrouve dans ces petites ruptures instrument­ales bringuebal­antes qui ponctuent l’album, courtes pièces bancales pour piano bastringue, craquement­s de vinyle et autres bandes grippées. Mais c’est pour mieux repartir sur un “Opus” beau à pleurer — Levon Helm du Band à la batterie, tout comme Garth Hudson du même groupe est présent sur un autre titre — ou “Goddess On A Hiway”, une chanson presque normale, au refrain qui tue. Il faut même attendre le neuvième titre pour entendre des guitares en vrille (et ce n’en est que meilleur) s’enroulant autour d’une voix filtrée à la Lennon.

Superbe de bout en bout.

 ??  ?? 19 98
19 98

Newspapers in French

Newspapers from France