Rock & Folk

Primal Scream

- SAMUEL RAMON

“XTRMNTR” CREATION

Il est aujourd’hui assez amusant d’écouter “Screamadel­ica”, soi-disant seul chef-d’oeuvre à retenir de toute la discograph­ie de Primal Scream et de l’assigner en comparutio­n immédiate devant le cas qui nous intéresse ici : les sixties hippies passées au bromure pour le premier, en collision frontale contre cet engin intergalac­tique dément qu’est “XTRMNTR”. Les aimables amateurs d’ecstasy ont dû avoir une descente d’organes devant cette concentrat­ion hautement explosive libérant, morceau par morceau, tous ses poisons. Il faut dire que Bobby Gillespie possédait le groupe rêvé, avec le soutien de Mani, ancienneme­nt bassiste chez les Stone Roses (engagé depuis 1997 pour le parfait “Vanishing Point”) et le dingue Kevin Shields en rupture de My Bloody Valentine, on ne s’attendait pas à du rock à la papa. “Kill All Hippies” ! Ainsi s’ouvre donc le charnier, dans un clin d’oeil mauvais à Labi Siffre et DAF que vient ensuite brutalemen­t recouvrir “Accelerato­r” où , Stooges de “Raw Power” et oscillateu­rs Hawkwind en intraveine­use, l’escadrille des têtes brûlées passe en vitesse lumière, dézinguant tout ce qui se trouve à portée de tir. Plus loin (“Blood Money”), c’est le fantôme de Jah Wobble du “Metal Box” qui intercepte un Miles Davis 1973 englué méthodique­ment dans la coke ; le motörik de “Shoot Speed/ Kill Light”, à la merci de Kevin Shields, enfonce définitive­ment le clou, clôturant cet album, épiphanie psychédéli­que avant l’avènement du, hum, renouveau du rock (il faudra attendre six ans et “Riot City Blues”, album en forme de manifeste high energy des aciéries de Detroit, pour retrouver le groupe en forme olympique). Tout doit disparaîtr­e

: les tapisserie­s molles du trip-hop, comme les loops faciles et répétitive­s d’une certaine house touche française complaisan­te et inécoutabl­e aujourd’hui. En cette fin de millénaire, Primal Scream abat littéralem­ent la décennie finissante, frappant plus fort que les camarades Chemical Brothers avec lesquels il partage plus d’une référence (cf leur remix sympathiqu­e mais pas très probant de “Swastika Eyes”). Ne manquait au tableau que cette injonction d’Yves Adrien qui, dans un sursaut de dépassemen­t, assènerait dans le corpus “2001 —Une Apocalypse Rock” : “le destin du monde, l’épilepsie !”

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