Rock & Folk

The Traveling Wilburys

- CHARLES FICAT

“THE TRAVELING WILBURYS VOL 1”

WARNER

Fruit d’un enchaîneme­nt de circonstan­ces imprévues, le premier opus des Wilburys surprend par la fraîcheur et la joie qui s’en dégagent. L’album n’aurait pu être qu’une anecdote dans des discograph­ies bien remplies d’artistes de renom. Outre un immense succès populaire (plus de deux millions d’exemplaire­s écoulés), il permit de revitalise­r des carrières en manque de souffle. A l’origine le maître d’oeuvre principal, George Harrison, qui sortait d’un carton avec “Cloud Nine” et sa reprise de “Got My Mind Set On You” devait enregistre­r une face B pour étoffer la sortie d’un single en Europe. Par un heureux concours furent réunis autour du projet de l’ex-Beatle, dans le studio personnel de son vieil ami Bob Dylan présent, son complice Jeff Lynne, le vétéran Roy Orbison et le fidèle Tom Petty. Jugé trop bon par Warner Bros pour être ainsi relégué, “Handle With Care” fut choisi pour ouvrir l’album de manière grandiose. La voix de Harrison, puis d’Orbison, au refrain Bob Dylan et Tom Petty avec un Jeff Lynne en embuscade sur une rythmique assuré par l’excellent Jim Keltner : cette harmonie équilibrée capturait la magie du supergroup­e. Composé et enregistré dans la foulée, l’ensemble de l’album tient plutôt bien la route avec plusieurs excellents titres : “Twitter And The Monkey Man” (parodie de Bruce Springstee­n), “End Of The Line” ou ce fascinant “Not Alone Anymore” où s’envole la voix de Roy Orbison. D’ailleurs ce dernier ne devait pas survivre à cette fatale année 1988 puisqu’une crise cardiaque l’emporta en décembre. Sur le disque, le nom véritable des protagonis­tes n’apparaissa­it nulle part, les questions d’égo avaient été remisées. Le volume 1 conserve cette atmosphère magique de l’entente réciproque de cinq grandes stars. Avec le recul, la production souffre des arrangemen­ts de Jeff Lynne, par trop baroques, qui gâtent parfois la pureté de la musique. Dommage qu’aucun concert n’eût lieu. Dès l’enregistre­ment bouclé, Dylan allait ouvrir un nouveau chapitre de sa vie en lançant le 7 juin à Concord (Californie) le premier show de ce qui allait devenir le Never Ending Tour. Un second volume des Wilburys allait suivre – malicieuse­ment intitulé “Vol 3” (1990). Sans le Roy, la fête n’avait plus la même saveur. Restaient les échos de ces jours heureux d’un printemps californie­n.

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