Courtney Barnett
“SOMETIMES I SIT AND THINK, AND SOMETIMES I JUST SIT” MARATHON ARTISTS
En 2014, les gens de goût se sont excités sur sa compilation de deux EP, “A Sea Of Split Peas”, et sur l’étourdissant single “Avant Gardener”. Il n’en fallait pas plus pour que pleuvent les comparaisons sur la tête de cette Australienne timide. Qualifiée, au choix, de petite soeur folkeuse de Lena Dunham pour son humour tout en autodérision, de cousine de Stephen Malkmus ou de slacker surdouée, Courtney Barnett mérite qu’on l’apprécie pour ce qu’elle est. C’est-à-dire, une auteure, compositrice, musicienne et interprète douée et imparfaite, avec autant de talent que de charme. Malgré ses 26 ans, elle n’est pas une débutante. Elle a fait ses classes dans des groupes garage de Melbourne, avant de devenir guitariste dans le projet parallèle de Brent DeBoer, le batteur des Dandy Warhols. Après quoi, elle a monté son label pour sortir ses deux EP. Et tourné. Beaucoup. Elle a néanmoins alors trouvé le temps d’enregistrer “Sometimes I Sit And Think, And Sometimes I Just Sit”. Le premier extrait, “Pedestrian At Best”, éblouit par son écriture acrobatique — “my internal monologue is saturated analog”, elle ne pouvait pas dire mieux pour décrire son propre son et son style. Le son est plus étoffé, plus pro. Elle fait feu de tous bois, s’essaie à l’électricité, à la ballade pop mélodieuse ou à la country noire, un rayon dans lequel elle excelle. C’est une musicienne et ça s’entend, dans la finesse des mélodies et les petites touches astucieuses qui subliment une chanson. Et c’est également une interprète, dotée d’une voix un peu voilée, dont elle sait se servir l’air de rien, comme un peu tout ce qu’elle fait. Elle peut aussi bien adopter un ton nonchalant qu’un débit survolté, nerveux, à n’imiter que si l’on a le souffle d’un sportif. Et évoquer, tour à tour — non, on ne s’étrangle pas, ami lecteur, il n’y a pas de quoi — Sheryl Crow sous fumette ou Lou Reed dans le registre rage contenue et détachement. Il est assez rare de trouver tout cela dans une artiste qui séduit en chroniquant son quotidien bancal et banal, avec beaucoup de recul et une plume alerte. Une fausse fille toute simple, pétrie de contradictions. Et de beaucoup de talent.