Rock & Folk

Aerosmith

- CYRIL DELUERMOZ

“ROCKS” COLUMBIA

Vendu à plus de trois millions d’exemplaire­s aux USA depuis sa sortie en mai 1976, “Rocks” est le dernier grand album de la première période de l’existence d’Aerosmith qui prendra fin trois ans plus tard. Successeur de l’excellent “Toys In The Attic” qui avait contribué à asseoir définitive­ment le son et le style du combo de Boston, ce quatrième LP reprend les mêmes arguments pimentés et rentre-dedans en perfection­nant un chouïa la manière. Après avoir fignolé une douzaine de titres dans le Massachuse­tts, Aerosmith reprenait le chemin du Record Plant, studio new-yorkais, pour retrouver Jack Douglas, fidèle producteur et arrangeur qui avait également travaillé avec John Lennon et les Who. A part “Home Tonight”, ballade qui vaut surtout par les envolées du guitariste Joe Perry, “Rocks” fait dans le heavy et le punchy avec une collection de titres incendiair­es qui enflammero­nt vite les stades américains que le quintette fréquentai­t assidûment à cette époque. Véritable rodéo endiablé, mordant et cynique, “Back In The Saddle” sera utilisé pendant des années par Aerosmith pour débuter ses concerts. Miaulant comme un chat en rut, Steven Tyler prend des accents de vieille bohémienne pour égrener avec des trémolos les paroles bizarres de “Last Child”. Inspiré par le “Rattlesnak­e Shake” de Fleetwood Mac (comme le reconnaîtr­a plus tard Tyler), “Rats In The Cellar” sonne pourtant comme du bon Led Zeppelin mâtiné New York Dolls. L’ombre des Dolls est encore présente sur l’imparable “Sick As A Dog”, riche en mélodies parfaiteme­nt alourdies par le jeu vicieux de Joe Perry et par l’imperturba­ble rythmique composée du batteur Joey Kramer et du bassiste Brad Whitford. Si les gros riffs gorgés de wah-wah prennent le dessus dans “Nobody’s Fault”, un morceau qui comme le reste de “Rocks” a dû influencer Guns N’Roses et Mötley Crüe, on découvre le caractère sombre de Joe Perry dans “Combinatio­n” que le guitariste a composé pour la première fois entièremen­t seul. Quant à “Lick And A Promise”, il fait preuve d’une belle exubérance avec son refrain facile à reprendre en choeur en levant une canette de Budweiser. Avec son titre totalement adéquat et sa pochette orné de cinq diamants, “Rocks” est bien l’un des plus beaux joyaux d’Aerosmith.

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