Rock & Folk

Larry Williams

- SAMUEL RAMON

“THE LARRY WILLIAMS SHOW” DECCA

Chauffe Marcel ! Le temps de pousser les tables à coup de pieds et c’est une déflagrati­on de rhythm’n’blues qui vient frapper nos tympans. Passé l’intro façon bande de louches traînant autour du jukebox, l’inventeur de “Space Guitar” Johnny Guitar Watson sort soudaineme­nt son engin à planter des clous et déclenche les bacchanale­s, la valse des croupions : Good God ! le “Whole Lotta Shakin’ Goin’ On” du Killer vient juste de verser le premier sang... Pas le temps de sécher, les brûlots s’enchainent à vitesse grand V (entrecoupé­s de titres plus lents, histoire de ne pas perdre complèteme­nt pied dans la bataille) : “Looking Back”, l’enfer amphétamin­é de “Trust In Me”, “Slow Down”, “Louisiana Hannah” jusqu’à l’exploit final, une version parfaite du “For Your Love” des Yardbirds. En 1965, les deux loustics sudistes enquillent les dates d’une tournée anglaise et se mettent à la colle avec un groupe UK, les Storsmvill­e Shakers, qui envoie tout ce qu’il a dans le ventre. Qu’on ne s’y trompe pas, Larry Williams est déjà une légende : des Beatles aux Flamin’ Groovies, des Stones à Dr Feelgood, tous ont usé leurs boots sur ce rhythm’n’blues tendu à bloc qu’il enregistra­it dans les fifties chez Specialty, maison de Little Richard et Lloyd Price (il deviendra son chauffeur et ami et reprendra par la suite — après la version d’Elvis — “Lawdy Miss Clawdy”, rien que ça). L’album, conçu et enregistré en live au Ricky Tick de Guilford, sans applaudiss­ements, est un véritable défi à l’immobilism­e ; rester assis est quasiment impossible. Williams chante sans brailler et pilonne son piano autant qu’il peut pendant que Watson assure la gâchette en balançant des rythmiques ultra nerveuses. Rafales de mitraillet­te dont se souviendra, on peut le parier, l’as des as Wilko Johnson. Les Américains sont des profession­nels et pour faire danser le client, tous les trucs sont permis. C’est ainsi que pour nos javas passées et futures, il est toujours important de dégainer cette foot stompin’ music (Geno Washington et Hamilton Bohannon seront priés d’y participer), ces douze titres comme remède à l’apathie. D’autant que l’ami Larry n’en produira jamais d’autres : ce proxénète notoire s’est tiré une balle dans le caisson il y a de cela quarante ans...

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