Rock & Folk

Nashville Pussy

- CYRIL DELUERMOZ

“HIGH AS HELL” TVT

Gâchette facile et verbe haut, Nashville Pussy n’a pas économisé sa sueur pour revenir polluer ce rock américain qui s’aseptise à vue d’oeil. Ce deuxième album pue le Jack Daniel’s, le pétard froid, le motel glauque et la mise en examen pour obscénité. A l’image du guitariste-chanteur Blaine Cartwright qui ferait passer Lemmy et Ted Nugent pour des Francis Goldman et JJ Cabrel, “High As Hell” est gros, gras, lourd et noueux. De tous ses pores, ce disque suinte le rock, le punk, le hard, le boogie et le garage. Ses quatre durs à cuire se lancent dans une cavale sanglante à travers les royaumes d’AC/DC, MC5, Lynyrd Skynyrd, Ted Nugent et Motörhead. Une dérive formidable­ment décadente au cours de laquelle le sexe (“Piece Of Ass” et “Struttin’ Cock”), les drogues (“She’s Got The Drugs”) et le rock’n’roll (“Rock’n’Roll Outlaw”) tiennent le haut du pavé. Chez Nashville Pussy, les histoires de cul sont rapides comme l’éclair (“Blow Job From A Rattlesnak­e”), les destins poissards (“Wrong Side Of The Gun”) et l’enfer (“Go To Hell”) jamais loin. Au milieu d’un son désormais aussi volumineux que les seins siliconés de Corey Parks, la Tura Satana de la quatre-cordes, Ruyter Suys, la guitariste au soutien-gorge léopard, déverse des flots brûlants de riffs et de solos éphémères à même de rassurer Malcolm et Angus Young de la pérennité du heavy blues métallique. Avec un Blaine Cartwright braillant comme un Bon Scott bedonnant, semi-chauve et moustachu, l’âme de l’infernal AC/DC hante ce “High As Hell”, au même titre que les Australien­s de Rose Tattoo dont le “Rock’n’Roll Outlaw” passe à la moulinette de fer pour en ressortir grandi. Nashville Pussy ne craint pas les clichés de bon goût (pochette outrancièr­e, roulages de pelle entre la bassiste et la guitariste, drapeau sudiste) car le quatuor géorgien ignore l’existence même du mot cliché.

Sont également bannis de leur vocabulair­e, des termes comme pop, cool ou sympathiqu­e auxquels ils préfèrent méchant, agressif et impitoyabl­e. C’est par la force, la violence et le punch que le quartette d’Athens (comme REM... pardon pour ce gros mot) se bat pour imposer ses trois F : Fuckin’, Fighting & Fuckin’ rock’n’roll. Le principe est simple et ultra efficace. Avec “High As Hell”, les Nashville Pussy ne tentent pas de réinventer le rock’n’roll, ils sont le putain de rock’n’roll.

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