The Dandy Warhols
“THIRTEEN TALES FROM URBAN BOHEMIA” CAPITOL
Lors de la sortie de leur deuxième album en 1997, ces Dandys-là avaient tout pour plaire à la critique : un chanteur poseur, décoratif de sa personne, des chansons génératrices de plaisir instantané, une attitude de branleurs surdoués, ravis de leurs petits succès. “Thirteen Tales...” les réconciliera avec les plus exigeants. Non pas que Courtney Taylor ait pris un coup de vieux, mais plutôt parce que “Thirteen Tales From Urban Bohemia” se présente comme un album complexe, à l’opposé d’un coffret de singles faciles d’accès. Les Dandy Warhols renouent avec leurs premières amours, le psychédélisme, et pas à moitié. Pour preuve, les trois premiers morceaux relèguent au second plan les parties vocales, donnant la part belle aux digressions instrumentales à la limite de l’hypnotique. “Nietzsche” semble ainsi avoir été conçu dans un état de conscience altérée : instruments et voix étouffées s’y mélangent, brouillant la frontière entre hallucinations auditives et cauchemar. La suite laisse penser que les quatre de Portland ont suivi leurs idées les plus farfelues, au lieu de réitérer le coup de “Not If You Were The Last Junkie On Earth”. “Country Leaver” s’avère bel et bien de la country, avec guitare acoustique, harmonica, bruitages de ferme pour authenticité maximale et Taylor chantant comme un petit frère de Beck (sur “One Foot In The Grave”). Tout ce qui avait initialement rendu les Dandys mémorables se trouve présent dans ce disque : la morgue de Taylor (“Solid”), leur goût pour les mélodies accrocheuses façon pop sixties, les plans repiqués aux Stones de “Aftermath”, au Lou Reed de “Transformer”, aux Cars, etc, les orchestrations multicouches et le fouillis génial (“Shakin’ ”), en bien plus abouti et débridé que sur l’album précédent.
Cela n’a pas rendu ces blancs-becs plus modestes mais simplement augmenté nos discothèques de cette rareté : un grand disque de rock à l’ancienne.