Neil Young
“SONGS FOR JUDY”
Si l’on entend régulièrement Neil Young promettre de sortir enfin quelques-uns des concerts ou albums studio mythiques qu’il garde encore sous le boisseau, une compilation des titres solo qui ouvraient la tournée américaine de l’automne 1976 avec Crazy Horse n’était certainement pas en tête des priorités des amateurs. Mais c’est peut-être un des projets les plus excitants à émerger des fameuses Archives. “Songs For Judy” parvient en effet à recréer toutes les sensations que devait éprouver le public de l’époque qui, entre deux tubes tirés de “Harvest” ou “After The Gold Rush”, découvrait un morceau inconnu, qui mettra parfois des décennies (dans le cas de certains titres prévus pour “Hitchhiker”, l’album studio enregistré peu avant puis annulé) pour connaître une sortie officielle. Les auteurs de cette sélection, dont le réalisateur et ancien critique Cameron Crowe, ont en effet réalisé un travail quasi parfait en confectionnant l’équivalent d’un bootleg qui saisit Neil Young en pleine veine expérimentale et prise de risques : titres inédits (“No One Seems To Know”) ou rares, paroles rajoutées à la volée, chansons jouées au banjo, discours improvisé sur Judy Garland (ça n’est donc pas la Judy Collins chère à Stills qui est invoquée sur le titre de l’album)... Il suffit d’écouter “A Man Needs A Maid”. Loin de la version symphonique arrangée par Jack Nitzsche pour “Harvest”, Young interprète la chanson au piano mais joue entre les couplets une autre mélodie au synthétiseur, celle de “Like A Hurricane” qu’il fera découvrir au public avec Crazy Horse plus tard dans la soirée. Ici, les 22 titres sont en tout cas assez électrisants pour se passer du set électrique. FRANçOIS KAHN