Rock & Folk

Paul McCartney

“EGYPT STATION”

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Quand il sort, “Egypt Station” est quelque chose comme le dix-septième album solo du musicien. Le meilleur de Paul est derrière lui : la jeunesse, la découverte, les Beatles avec lui dedans, puis les mêmes, post-1970, éparpillés dans nos souvenirs et toujours pourvoyeur­s de chansons accrochées aux arbres des vies.

“I don’t know” répète-t-il tôt dans cette ballade au piano sur laquelle il joue aussi, au moins, la basse. “Come On To Me” ? Pas de problème. Du rock, en voilà. Et “Who Cares”, tant qu’il y est. La bonne question au meilleur des moments. Du folk arpégé, genre “I Will” ou “Put It There” ? Il maîtrise toujours. Ici, ça s’appelle “Happy With You”. “Hand In Hand” fait défiler, en plans séquences, l’homme sans âge et amoureux. Linda, c’était autre chose, mais ça n’empêche pas. Greg Kurstin (la moitié de The Bird And The Bee) est aux manettes et Paul a été flatté que ce gamin de bientôt cinquante ans accepte d’en être. On imagine que comme Nigel Godrich avant lui, il l’a encouragé à lâcher prise, à biaiser le regard et à réaliser cette fresque reality-prog de sept minutes qu’est “Despite Repeated Warnings”. “Fuh You”, bien sûr, renvoie à Wings qu’il n’a jamais cessé d’assumer, mais c’est dans “Confidante” que Macca, entre les lignes et les ailes d’un papillon, se livre le plus. Le texte de “People Want Peace” renvoie à ce John qui s’est tapi en Paul, une nuit de décembre 1980, et n’en est plus jamais ressorti depuis. “Back In Brazil” le montre à son plus groovy. “Do It Now” n’apporte pas grand-chose au moulin de McCartney, mais vole plus haut que ce que commettent, à leur top, tous ceux qui n’ont pas écrit “For No One” ou quelque chose d’approchant. A vingt-quatre ans. “Caesar Rock”, au nom du droit à l’expériment­ation sûrement, part un peu dans tous les sens — que Paul ne s’interdit pas d’avoir exacerbés — à l’instar de “Hunt You Down Naked Clink” qui, pour clore les ébats, traîne en langueurs bluesy semées de guitares floydienne­s. Inspiré par une de ses toiles de la fin des années 80, le titre “Egypt Station” n’est pas celui d’un concept album, mais d’un disque très honorable de McCartney. Qui surfe sur sa palette, s’abreuve au kaléidosco­pe des sixties, et désagrège l’arc-en-ciel pour peindre ce qu’il veut. Le génie a peut-être laissé la place au savoir-faire, mais Paul sait qu’on ne crée rien de bon de ses mains sans que l’esprit les guide. JéRôME SOLIGNY

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