Rock & Folk

Bryan’s Magic Tears

“4AM”

-

Encore une bande de petits cons qui débarque sans vergogne avec ses pelles et ses pioches pour creuser les entrailles du passé ? En fait, non. Bryan’s Magic Tears, sans attendre, dès “Ghetto Blaster”, chanson sublime qui ouvre son deuxième album, ravive certes des émotions lointaines, quand les Pixies, Sonic Youth, Yo La Tengo, Dinosaur Jr, Sebadoh et tous les autres, moins connus et moins propres, saturaient leurs guitares et regardaien­t plus les étoiles que leurs pompes. Mais les petits cons sont ici français et se moquent finalement bien de la nostalgie : Ils veulent simplement écrire de jolies chansons en anglais à la mélancolie entraînant­e. Comme avant, comme demain. Le travail est sensible, gorgé de larsens et de petites mélodies qui attrapent les tripes pour ne plus les lâcher. Ça tangue, ça ondule, ça décolle et c’est absolument prenant. Il y a encore du flanger, du psyché, de la boucle vivante, de la réverbérat­ion libératric­e. “Marry Me” traîne son spleen avec une classe pas possible. Sur le refrain, les frangins Reid applaudiss­ent, c’est certain. “Lilac Tree” transmet une tristesse bubblegum, c’est une chanson qui persiste et signe, c’est beau. “4AM” débute comme un pow-wow avant de se muer en une ruée vers des sentiments profonds et intenses. Le cinéma d’Hal Hartley n’est jamais très loin. “Sweet Jesus”, c’est un peu comme si les Black Lips avait un jour de congé et en profitaien­t pour traîner dans les rues sous un soleil amical. “Slamino Days” mord d’entrée, et en douceur, c’est une cavalcade fantastiqu­e de coton barbelé, du shoegaze qui élève. “Oscillo Trail”, plus intimiste, dodeline et avance. Bryan’s Magic Tears vient d’écrire un disque d’aujourd’hui, où la beauté est amère, pas dupe, mais refuse d’abdiquer. JERôME REIJASSE

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France