Sleaford Mods
“ETON ALIVE”
Les revoici, les hommes en colère, les rebuts de la scène punk britannique qui ont pris le Royaume-Uni d’assaut à grands coups de punchlines provocatrices et de beats minimalistes. Avec “Eton Alive”, Sleaford Mods investit plus que jamais le champ politique avec un titre qui fait référence à Eton, école privée extrêmement select où les 1% les plus riches de la population britannique envoient leurs enfants. Une fabrique à politiciens souvent érigée en symbole du mépris des élites pour la population. Le texte concocté par le chanteur Jason Williamson pour accompagner la sortie de l’album témoigne de son état d’agacement extrême, qui se reflète dans ses textes où il tire à la sulfateuse. L’objet de son ire ? Le gouvernement May et la technocratie qui a plongé le pays dans un état de désespoir pas vu depuis Thatcher. Sleaford Mods est le groupe dont le Royaume-Uni a besoin aujourd’hui, sa conscience musicale. Williamson est trop vieux pour ces conneries et après avoir mis à l’index toute la nouvelle scène britannique ainsi que l’industrie musicale, il règle désormais ses comptes avec les puissants et propose du protest song pour la génération Brexit (“Kebab Spider”). La forme ? Immuable : boîte à rythmes, boucles et gouaille. Avec son sens de la formule percutante et son regard aussi perçant que lucide, Williamson transcrit à la perfection le malaise ambiant outre-Manche et l’exaspération impuissante de la population britannique. Aussi austère que percutant, “Eton Alive” est ainsi un disque empli d’angoisses et d’interrogations existentielles. On dit souvent que les crises politiques font de grands disques contestataires. En voici une preuve. ERIC DELSART