Weyes Blood
“TITANIC RISING”
Depuis 2016, Natalie Mering fascine. Sous le nom de Weyes Blood (référence au roman “Wise Blood” de Flannery O’Connor), la Californienne sortait cette année-là son troisième album, “Front Row Seat To Earth”, une splendeur véritablement mystérieuse. La jeune femme révélait au monde son aptitude à composer des chansons d’amour aux mélodies labyrinthiques et à la tristesse sourde, le tout dans un cadre pop néo-70 pourtant assez balisé. Comme Kate Bush — et pas seulement parce que les deux possèdent un piano et de beaux cheveux —Weyes Blood touche parfois du doigt quelque chose que les autres terriens ne comprennent pas. Les miracles sont une chose fragile. Sortis en 2011 et 2014, les deux premiers albums étaient faits de tâtonnements et d’expérimentations. Le nouveau, emballé dans une superbe pochette subaquatique, n’émerveille pas autant qu’espéré. Le début est excellent avec un brelan de chansons impeccables : “A Lot’s Gonna Change”, ballade majestueuse arrangée de cordes ; “Andromeda”, tentative pop rêveuse habillée de synthétiseur et de pedal steel et “Everyday”, l’évident single, limpide comme un gold du temps des ondes AM. La suite, en comparaison, est une minime déception. “Movies”, avec ses arpégiateurs électroniques, tourne un peu en rond. Brian D’Addario des Lemon Twigs produit le titre suivant, “Wild Time”, qui sonne comme du Lana Del Rey sans budget. La voix incroyable de Mering, reine d’un lyrisme qui n’explose jamais, tient toutefois le projet, qui aurait mérité une poignée de grandes chansons supplémentaires et, surtout, une production plus grandiose et audacieuse. Le deuxième chef-d’oeuvre de Weyes Blood, soyons en sûr, arrivera plus tard. BASILE FARKAS