Guns N’Roses
“USE YOUR ILLUSION I” “USE YOUR ILLUSION II”
Après avoir vendu dix millions d’exemplaires de “Appetite For Destruction” dans le monde, les Guns N’Roses se prenaient pour les rois du pétrole. N’avaient-ils pas fait porter la mention “...The Sex, The Drugs, The Violence, The Shocking Truth” sur la pochette de “GN’R Lies” ? Pas encore conscients de la menace représentée par Metallica, Nirvana ou Pearl Jam, les Gunners s’imaginaient encore être le plus grand groupe de rock du monde après avoir triomphé, début 1991, devant cent vingt mille personnes au stade Maracana de Rio. En septembre, Axl et ses sbires publient enfin les deux volumes de “Use Your Illusion” dont la sortie a été repoussée neuf fois... Au total, ces disques tant attendus et qui empruntent leur titre au tableau de Mark Kostabi ornant leurs pochettes ne comportent pas moins de trente titres. De quoi garnir deux doubles LP vinyle... Aguerri par des tournées marathon aux quatre coins du globe et doté d’un nouveau batteur (l’ex-Cult Matt Sorum) moins junkie et alcoolo que Steven Adler, son prédécesseur, le quintette de Los Angeles signe un double testament plus mûr, plus diversifié et plus maîtrisé. Oscillant entre le hard convenu qui a fait sa réputation grâce au jeu souvent inspiré de Slash et à la voix stridente de Axl et un heavy blues seventies à la Stones ou Aerosmith, ce duo d’albums n’a que deux talons d’Achille : sa richesse et les ballades assommantes à la Elton John qu’Axl croit bon d’assener dès qu’il aperçoit un piano derrière lequel s’installer. On pourrait compresser les deux heures et demie de “Use Your Illusion
I” et “... II” en une belle heure et quart de rock’n’roll furieux, gras et poisseux. Conserver les deux reprises hollywoodiennes (“Knocking On Heaven’s Door” et “Live And Let Die”) et leur adjoindre la crème du rentre-dedans : “Civil War”, “Perfect Crime”, “Right Next Door To Hell”, “Shotgun Blues”, “Locomotive”... Et oublier définitivement le larmoyant “November Rain”. Un trop-plein de titres qui n’a pas empêché la paire de galettes de séduire des millions de fans qui ne réserveront pas un accueil aussi chaleureux, deux ans plus tard, à “The Spaghetti Incident?”, leur premier LP sans Izzy Stradlin. Vu les rumeurs incessantes de séparation, “Use Your Illusion” était-il pour Guns N’Roses le chant du cygne ?
CYRIL DELUERMOZ