Rock & Folk

The Black Crowes

“THE SOUTHERN HARMONY AND MUSICAL COMPANION”

- JONATHAN WITT

Après une longue période de domination des chats de gouttière peroxydés du Sunset Strip, il semblerait que la génération suivante ait eu besoin d’authentici­té. Du côté de Seattle, Kurt Cobain et ses comparses lancent le mouvement grunge. Bien plus au sud, dans l’Etat de Georgie, surgissent les Black Crowes, quintette assemblé par un duo de frangins à la relation souvent houleuse, Chris et Rich Robinson. Dès “Shake Your Money Maker”, en 1990, ils trouvent une formule gagnante, amalgamant les Rolling Stones époque Nellcôte, les Faces et une pincée de soul sudiste. Quelques singles, comme l’irrésistib­le “Jealous Again” leur ouvrent même les écrans de MTV. Deux ans plus tard, le gang revient, renforcé par le claviérist­e Eddie Harsch et un bretteur d’élite : Marc Ford, ex-Burning Tree. Deux choristes gospel viennent également soutenir le gosier d’airain de Chris Robinson, au centre de ce projet totalement stonien. A gauche, les riffs de Rich, très inspiré par les accords ouverts de Keith Richards. A droite, la guitare cinglante de Marc Ford en mode Mick Taylor, dont les prouesses illuminent “Black Moon Creeping” et “No Speak No Slave”. Les Black Crowes affinent ici leur écriture et étincellen­t d’entrée, avec un brelan intemporel : “Sting Me”, “Remedy” et la majestueus­e ballade “Thorn In My Pride”. Et puis, deux morceaux se détachent nettement. Menée par un harmonica baladeur, striée de petits solos jouissifs, la débonnaire “Hotel Illness” rivalise sans peine avec tout ce que la paire Rod Stewart/ Ron Wood a pu écrire au début des seventies. Enfin, les guitares slides sont de sortie pour “My Morning Song”, longue de plus de six minutes et dotée d’un crescendo au feeling dément qui pourrait bien représente­r l’épitomé des Corneilles. De l’avis de tous, elles ne voleront jamais plus haut que sur cet impérissab­le “The Southern Harmony And Musical Companion”.

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