The Jayhawks
“HOLLYWOOD TOWN HALL”
Les Jayhawks appartiennent à cette race de groupes qui se soucient comme d’une guigne que le punk ou le énième revival mod soient à la page. Foncièrement intemporels, ces artisans de Minneapolis fignolent avec abnégation des mélodies finement ciselées et des choeurs aux harmonies étincelantes, générant une sorte de country-rock aux accents pop qui lorgne avec insistance du côté des Flying Burritos de feu Gram Parsons. Un parallèle étayé par la persistance de Gary Louris et Mark Olson, les guitaristes/ chanteurs, à traduire musicalement et textuellement des émotions à fleur de peau. Si “The Jayhawks” (1986) et “Blue Earth” (1989), leurs deux premiers albums, affichaient encore trop d’influences country mal dégrossies, ce “Hollywood Town Hall”, conçu en 1992 avec George Drakoulias, producteur des Black Crowes, parvient à une symbiose entre les voix de Louris et Olson digne de la complémentarité du duo Bell/ Chilton chez Big Star. Et les Jayhawks ouvrent le feu sur ce troisième LP avec “Waiting For The Sun” qui déploie de telles ressources harmoniques qu’on peut même l’écouter dans la zone industrielle de l’Espace Clichy en pensant être sur Ocean Drive à Miami. Dans le domaine des voix mêlées qui se répondent et se complètent, Gary Louris et Mark Olson sont de sacrés fortiches et ne dépareraient pas comme invités à une nouvelle reformation de Crosby, Stills, Nash & Young. Cela dit, “Waiting For The Sun” n’est pas l’arbre qui cache la forêt. Avec leur climat particulier, primesautier ou grave selon le thème abordé, les titres de “Hollywood Town Hall” slaloment entre pop scintillante, country-rock précieux et ballade folk assassine. Des airs à la fois si légers et attachants qu’ils en adouciraient presque les membres les plus déterminés d’un commando du GIA. Non contents de se fendre d’un pareil joyau, les Jayhawks ont récidivé en 1994 avec le consistant “Tomorrow The Green Grass”. Pour leur éviter un anonymat de leur vivant à la Big Star, il serait judicieux de se procurer “Hollywood Town Hall” dans un premier temps, puis revenir le lendemain acheter le reste de leur discographie. Leur intemporalité rend les Jayhawks toujours d’actualité.
CYRIL DELUERMOZ