Rage Against The Machine
“RAGE AGAINST THE MACHINE”
A l’instar des Red Hot Chili Peppers,
Rage Against The Machine aura magnifié un genre, au point d’en devenir la référence incontestable et surtout inégalée. Depuis la sortie de ce premier manifeste en novembre 1992, des ribambelles de disciples plus ou moins laborieux s’escriment à retrouver la puissance et l’énergie en acier plombé du quatuor de Los Angeles. En vain... Il est sans doute dit dans un ouvrage inédit et cosigné par Marx et Engels que RATM serait le représentant d’un metal-funk noisy à vocation politico-sociale. Le noyau dur de cette cellule perpétuellement en fusion se forme au début des années 90 autour de Zack La Rocha (ancien chanteur de Inside Out) versé dans l’humanitaire et le politique, et le brillant Tom Morello, guitariste déjà auteur d’un album avec les obscurs Lock Up. Signés par Epic alors qu’ils n’avaient pas plus de deux concerts au compteur, ces partisans de l’agit-prop rageuse et hystérique, éclairés par les conseils du camarade-producteur GGGarth Richardson (L7) et servis par le mixage d’Andy Wallace (Nirvana), ont laminé la concurrence avec un album initial aux allures de turboréacteur. En parvenant à synthétiser brillamment virulence du rap, tonicité du hardcore, lourdeur du metal et heavy groove du funk, ils se sont d’emblée imposés dans la cour des grands et leurs prestations scéniques enflammées n’ont fait que confirmer leur nouveau statut. En France, ils ont modestement commencé par assurer les premières parties de Suicidal Tendencies avant de finir, en grands triomphateurs, nus comme des vers sur la scène du Zénith, volant la vedette à Living Colour et Fishbone... L’alchimie repose sur la solidité d’une rythmique dont l’efficacité est presque écoeurante, sur la virtuosité bruyante du guitariste Tom Morello, l’un des solistes les plus doués de sa génération, ainsi que sur la voix parfois gutturale et le débit intarissable de Zack La Rocha, infatigable pourvoyeur de textes engagés. La suite fut décevante. Mais cette première livraison est sans conteste l’un des albums-clé du rock des années 90.
CYRIL DELUERMOZ