The Reverend Horton Heat
“THE FULL-CUSTOM GOSPEL SOUNDS OF…”
S’il fallait exposer tous les excès et l’arrogance des groupes de rock’n’roll, cette époque où l’on ne savait jamais ce qui allait arriver quand on posait un disque sur une platine ou mettait le pied dans une salle de concert, ce deuxième album du Reverend Horton Heat en serait le témoignage parfait. Le psychobilly se vivait comme une version outrée du rockabilly des origines. La musique du Reverend Horton Heat, elle, était une outrance, tout court. C’est certainement pour cela que cet album était l’un des favoris de Philippe Manoeuvre : ce disque repoussait (encore) les limites de la vitesse, du volume et du bon goût. Certainement le producteur, Gibby Haynes, qui faisait de même dans son groupe Butthole Surfers (les surfeurs du trou du c... !), a joué les pousse-aucrime. Sinon, l’immense popularité du groupe, sa réputation flamboyante sur scène, la maîtrise totale de ces musiciens hallucinants leur donnaient l’autorisation de faire tout ce qu’ils voulaient. Jim Heath, texan né à Corpus Christi — ça ne s’invente pas — est un guitariste d’une rapidité qui cloue (crucifie?) la concurrence. Sur cet album, le groupe enregistre l’un des morceaux les plus frénétiques de l’Histoire — “Livin’ On The Edge (Of Houston)” — et on se demande si n’écoute pas une BO de cartoon. Cette folie, la lourdeur, est due au jeu de batterie de Patrick “Taz” Bentley, qui mélange rim shot et blast (les batteurs parlent beaucoup en onomatopées), de la double pédale et des beats à la “400 Bucks”. Dans le Custom Gospel du Reverend Horton Heat, on crie beaucoup, rote dans le micro, raconte des histoires de cul et de poulet frit, et on essaie de faire passer ce putain de rock’n’roll à travers le mur, la tête la première. Tout cela en baissant la pression une seule fois : sur la fin de “The Devil’s Chasing Me”, son solo arabisant et sa section rythmique swing. Alors ! Qui a dit qu’on ne s’amusait pas dans les églises ?
THOMAS E. FLORIN