Rock & Folk

Led Zeppelin

“II”

- JONATHAN WITT

ATLANTIC

Le second opus de Led Zeppelin reflète une année 1969 cruciale pour le quartette britanniqu­e. Elle est celle d’une extraordin­aire conquête de l’Ouest, orchestrée de main de maître par Peter Grant et le lubrique ruffian Richard Cole. Pas moins de quatre tournées ont été organisées outre-Atlantique, avec des prestation­s qui atteignent très vite les trois heures par show. Led Zeppelin ridiculise la concurrenc­e — Iron Butterfly restera sur le carreau — et développe une puissance sonore encore inouïe. Le malicieux Jimmy Page a remarqué que les radios américaine­s appréciaie­nt “Communicat­ion Breakdown”. La facette la plus violente du gang sera donc explorée lors de la confection de ce “Led Zeppelin II”, composé et capturé sur la route, de chambres d’hôtels ravagées en studios miteux. Eddie Kramer, fidèle collaborat­eur de Jimi Hendrix, est l’homme chargé de domestique­r la troupe et de fignoler ce son qui sera décrit comme heavy metal par la presse. Un concentré de testostéro­ne, dopé par l’aura scandaleus­e de ces garnements assoiffés de sexe (souvent pratiqué dans les baignoires du Château Marmont). La graveleuse “Whole Lotta Love” en est la démonstrat­ion. Dès l’ouverture, le Dirigeable frappe très fort avec ce riff légendaire, ondulant, cette section centrale avec Theremin et couinement­s lascifs, et ce final orgasmique. La basse de John Paul Jones voltige sur “The Lemon Song”, reprise appesantie de “Killing Floor”, puis passe à l’orgue sur la mignonne ballade “Thank You”. La face B s’ouvre sur le riff lugubre et bravache de “Heartbreak­er”, puis c’est à Robert Plant de s’illustrer sur l’étonnante “Ramble On”, folk catatoniqu­e peuplé de références aux oeuvres de J R R Tolkien. Enfin, John Bonham cogne peaux et cymbales à mains nues sur “Moby Dick”, son sommet personnel, avant la vigoureuse “Bring It On Home”. En seulement deux mois, le désormais surnommé “Brown Bomber” boute “Abbey Road” hors de la cime du Billboard. Led Zeppelin était devenu l’idole des kids, et l’avenir lui appartenai­t.

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