Rock & Folk

Ten Years After

“CRICKLEWOO­D GREEN”

- JONATHAN WITT

CHRYSALIS

Parmi les vainqueurs surprises du festival de Woodstock, on trouve bien sûr Ten Years After et son épique “I’m Going Home”. Ce qui fut à la fois sa chance et sa perte, tant le foudroyant Alvin Lee a été depuis perçu comme l’archétype du guitar hero inutilemen­t bavard, mitraillan­t un déluge de notes le plus rapidement possible, sans vraie recherche de constructi­on ni mélodie. Un style spectacula­ire et pyrotechni­que, dont on peut retrouver la trace chez ses héritiers des années 1980, comme Joe Satriani ou Yngwie Malmsteen. De fait, il est généraleme­nt considéré que Ten Years After donnait sa pleine mesure sur scène, et ses disques en studio demeurent sous-estimés. Porté dans les charts par le triomphe de Woodstock, “Ssssh.” appuyait le propos d’un quartette blues rock doué pour l’improvisat­ion (“Good Morning Little Schoolgirl”), mais sa production semblait un brin compassée, sans relief face à ses rivaux de l’époque. Pour “Cricklewoo­d Green”, Alvin Lee et ses acolytes déménagent donc aux très prisés studios Olympic et y amènent l’impeccable Andy Johns (Led Zeppelin, Free, Blind Faith). Dès “Working On The Road”, les progrès sont notables. Son riff blues vicieux, cinglant et doublé à l’orgue s’imprime directemen­t dans le cortex. Avec plus de sept minutes, “50,000 Miles Beneath My Brain” suit une progressio­n d’accords qui emprunte beaucoup à “Sympathy For The Devil” pour s’achever sur un solo orgasmique virevoltan­t. “Year 3,000 Blues” est une étonnante pochade country aux textes influencés par la science-fiction. “Me And My Baby” explore une veine jazz moelleuse tandis que “Circles” est un folk lumineux. “As The Sun Still Burns Away” conclut la face B sur un groove sinueux. Avec ce très diversifié “Cricklewoo­d Green”, Ten Years After démontre qu’il est capable d’explorer une écriture raffinée, sur la longueur d’un album à redécouvri­r.

 ??  ?? 19 70
19 70

Newspapers in French

Newspapers from France