Thee Oh Sees
“A WEIRD EXITS” CASTLE FACE
Nouvel album et nouvel effectif pour John Dwyer au sein de cette entité Thee Oh Sees toujours en mouvement. Le leader a dissous la formation classique du groupe qui avait fait de Thee Oh Sees une impressionnante machine au moteur krautrock et à la dynamique punk. En remplacement, Dwyer se devait de monter un groupe sortant de l’ordinaire. Thee Oh Sees était jadis un groupe dans lequel un guitariste jouait les parties de basse, ils sont désormais un groupe à deux batteurs synchronisés, avec un véritable bassiste (l’ex-Sic Alps Tim Hellman) et le duo Ryan Moutinho/ Dan Rincon (des excellents Glitz) aux fûts. Sur scène, le résultat de cette singularité est spectaculaire. Sur disque, ce nouvel attelage tire étonnamment John Dwyer vers des titres moins frénétiques que d’habitude, à l’image de ce “Jammed Entrance” planant et électronique ou de ce “Plastic Plant” d’inspiration Can dans lequel Dwyer se révèle un merveilleux soliste. “A Weird Exits” est un nouveau départ. On retrouve toujours quelques-unes des saillies qui sont dans l’ADN du groupe, comme “Gelatinous Cube”, “Ticklish Warrior” ou “Dead Man’s Gun” témoignant que Dwyer n’a rien perdu de sa furia. Cependant, cette nouvelle formation semble donner des envies d’évasion au charismatique leader, très porté sur les instrumentaux atmosphériques dans cet album. Outre “Jammed Entrance” qui propose un magnifique va-et-vient entre les deux batteurs, les Oh Sees proposent un interlude planant avec “Unwrap The Fiend Pt 2” puis une longue plage apaisée de près de 8 minutes (“Crawl Out From The Fall Out”). Une fois de plus, Dwyer clôt le disque d’une chanson délicate, “The Axis”, qui débute comme un titre d’Aphrodite’s Child et s’achève sur un formidable final noisy. Elle marque une nouvelle incursion des Oh Sees en territoire pop sur la dernière piste d’un album. Les Oh Sees sont encore pertinents. Mieux, ils viennent de produire leur meilleur album depuis des lustres et démontrent qu’ils ne sont pas près d’être à court d’idées. Le début de cette nouvelle ère place plus que jamais celui qu’on surnommait le maire occulte de San Francisco comme le leader incontesté de l’underground californien.