Rock & Folk

Chuck Prophet

“BOBBY FULLER DIED FOR YOUR SINS” YEP ROC (IMPORT GIBERT JOESPH)

- NICOLAS UNGEMUTH

Comme le temps passe : douze albums déjà pour Chuck Prophet depuis le formidable “Brother Aldo” qui a ouvert le bal en 1990. Le chemin a été surprenant : un jour, vers le milieu des années 90, l’ancien Green On Red a décidé qu’il en avait assez d’être considéré comme un guitar hero de l’americana (en gros, un croisement monstrueux entre Richard Thompson, James Burton et Tom Verlaine), et a cassé son jouet en décidant de ne plus faire de solos de guitare, ou à peine (c’est bien dommage). Beck lui avait retourné la tête — comme tant d’autres —, et ses albums sont devenus de plus en plus variés, Prophet expériment­ant toutes sortes de nouvelles sonorités aux antipodes de celles qui l’avaient rendu célèbre dans son premier groupe. C’était parfois très bien, parfois moyen, mais avec celui-ci, c’est parfait : “Bobby Fuller Died For Your Sins” (meilleur titre d’album de l’année) enquille des morceaux résolument rock and roll, parfois un peu garage (ces guitares fuzz, ce Farfisa), souvent grandioses (“In The Mausoleum”, hommage à Alan Vega, qui évoque autant Suicide que les Modern Lovers), et son nouvel hymne “It Was A

Bad Year For Rock And Roll”, montre que l’homme n’a rien perdu de sa ferveur pour le genre. Mais surtout, “Bobby Fuller Died For Your Sins”, idéalement produit, sonne terrible : aucun album en solo du Prophet n’a jamais autant rutilé tous azimuts. Trémolo, fuzz, orgue, choeurs, douze-cordes, cymbales cuivrées, envolées rockab’ soudaines (“Coming Out In Code”), le tout avec un chanteur qui semble plus énervé que jamais. C’est un festival électrique, écrin parfait pour ce qui compte déjà parmi ses meilleurs albums. Dan Stuart, au boulot maintenant !

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