Rock & Folk

Father John Misty

“PURE COMEDY” BELLA UNION/ PIAS

- FRANÇOIS KAHN

Personne ne reprochera à Josh Tillman de manquer d’ambition sur son troisième album en tant que Father John Misty : cordes, grand orchestre, longues compos qui évoluent telles des suites en plusieurs mouvements, imagerie biblique... Le CD de 75 minutes est particuliè­rement rempli, à tous les sens du terme. Tout ça alors que, d’une oreille distraite, on croirait par moments retrouver le style engageant et bien plus classique des songwriter­s californie­ns des années 70. Et c’est ce qui fait tout l’intérêt retors du disque, cette tension entre ces passages lisses et clairs, avec leurs mélodies bien appuyées au piano et cette voix toujours chaleureus­e, et puis, en regard, ces embardées vers l’inconnu, ces changement­s d’axe que la production de Jonathan Wilson sait si bien négocier en jouant sur la distorsion. Là où “I Love You, Honeybear” se voulait plus intimiste, Tillman se tourne désormais vers des tableaux hallucinés d’une Amérique à la dérive, un gouffre spirituel qui nourrit les vignettes d’autant d’équivalent­s modernes de “Desolation Row”, “Ambulance Blues” ou d’un Gene Clark période “No Other” où l’on aurait troqué la cocaïne pour une addiction à Instagram. Entre le morceau-titre qui ouvre l’album et les 13 minutes de “Leaving LA”, récit d’un divorce avec la scène hipster, la première partie de l’album est même un enchaîneme­nt quasi parfait. La seconde moitié s’avère toutefois un rien plus inégale avant de se reprendre avec un final assez impression­nant. Tillman a donc de l’ambition, mais il a surtout les moyens de la soutenir. Même s’il s’agit de conduire l’auditeur aux lisières mentales de l’Apocalypse, dont l’Amérique de 2017 n’est de toute façon plus si loin.

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