Rock & Folk

Ray Davies

“AMERICANA” LEGACY/ SONY

- FRANÇOIS KAHN

Pas évident de cerner la carrière solo de Ray Davies : en dehors des albums live ou de versions réenregist­rées, sa dernière salve de compos inédites remontait à une décennie, ce qui est quelque part un crime. Qui est-il, au fond, en dehors des Kinks ? Il se trouve que c’est une question qu’il se pose lui-même souvent, à sa façon : “Americana” découle en effet de son autobiogra­phie de 2013, sur son rapport à l’Amérique, pays fantasmé, à peine vu, puis vite interdit, et enfin devenu terre d’élection arpentée en long et en large par le tout récent Commandant de l’Empire britanniqu­e. Pas étonnant, donc, que l’album renoue à l’occasion avec un style d’écriture proche du début des années 70, quand les Kinks étaient à nouveau autorisés à jouer outre-Atlantique. La différence est que le Muswell hilbilly est entouré par les Jayhawks, dont le country-rock mélodieux évoque plus les Byrds que le blues teinté de music-hall rétro qu’affectionn­ait alors le Kink-en-chef. C’est aussi un net progrès par rapport aux requins de studio de ses précédente­s tentatives solo : l’accompagne­ment est ici bien plus fluide, sur les escales powerpop (“The Great Highway” ou “Poetry”, très Tom Petty) comme sur les ballades ou les blues acoustique­s plus nonchalant­s, qui dominent l’album, avec bien sûr quelques délicieuse­s miniatures (“A Long Drive Home To Tarzana” ou “Message From The Road”, duo inattendu avec Karen Grotberg, clavier des Jayhawks). Il ne faut cependant pas espérer un “Village Green” étatsunien. Davies a d’ailleurs bien conscience qu’il ne détient pas la vérité définitive sur l’Amérique. Mais il en fait ici le cadre d’un autoportra­it tout à fait charmant et incisif.

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