Rock & Folk

Mavis Staples

“WE GET BY” ANTI-/ PIAS

- FRANÇOIS KAHN

Elle était la première voix des Staple Singers. Prince ou Ry Cooder lui ont offert des écrins sur disque. Mais Mavis Staples a longtemps peiné pour trouver ses marques en studio, jusqu’à ce que Jeff Tweedy ait la simple et bonne idée de partir du son dépouillé et pénétrant de ses concerts et de construire sur cette base, produisant pour elle une trilogie d’albums souvent enthousias­mants. Après M Ward en 2016, c’est aujourd’hui Ben Harper qui prend le relais, produisant et écrivant ici tous les titres. On pouvait craindre un résultat plaisant mais quelconque. Heureuseme­nt, Harper a choisi, lui aussi, de s’appuyer sur le groupe de scène, de rester dans la lignée du son si particulie­r créé par Pops Staples, ces boucles chargées de reverb sur des mélodies gospel qui ont tant fasciné John Fogerty ou Robbie Robertson. Il sollicite donc beaucoup le travail de Rick Holmstrom, guitariste de Mavis Staples, en avant sur presque tous les titres. Au-delà du côté parfois primitif et brut, ses riffs évoquent aussi Steve Cropper ou même Nile Rodgers (“Brothers And Sisters”). Quant à Mavis, 79 ans, une des dernières grandes voix de l’âge d’or de la soul avec Gladys (ou Tina) depuis que la reine est partie, ce qu’elle a légèrement perdu en souffle, elle l’a gagné en conviction et en âpreté, résolue, sur “One More Change”, à poursuivre la lutte jusqu’au bout, à provoquer le changement plutôt qu’à subir les régression­s. Les textes sont d’ailleurs simples, directs, fervents sans être militants. “We Get By” confirme que, comme pour Johnny Cash ou Solomon Burke en leur temps, le retour de Mavis Staples au premier plan n’est que justice. Et même une des rares choses justes en ce bas monde.

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