Rock & Folk

Black Sabbath

“PARANOID” VERTIGO

- CYRIL DELUERMOZ

L’impayable Ozzy Osbourne décrivait ainsi Black Sabbath à ses débuts : “Nous étions juste quatre mecs de Birmingham qui savaient à peine écrire leur nom mais qui jouaient un putain de rock brutal.” Parrain du doom puis du stoner, le gang des Midlands a influencé au cours des années des groupes aussi divers que Iron Maiden, Kyuss, Danzig, Pantera, Alice In Chains ou Judas Priest. Beaucoup plus sombre que Led Zeppelin, Black Sabbath — le nom est un hommage à un polar de magie noire de Dennis Wheatley — végète pendant trois ans avant de publier en 1970 un premier album enregistré en deux jours qui connut un très gros succès outre-Manche. Vendredi 13 mars de l’année suivante, le diabolique chanteur Ozzy Osbourne et ses suppôts de Satan publient “Paranoid”, un classique du hard rock des années 70. L’inquiétude et l’angoisse s’installent dès les premières mesures de “War Pigs/ Luke’s Wall” sur lequel les riffs acérés et vicieux de Tommy Iommi transporte­nt avec acuité la voix démente d’Ozzy Osbourne. Ce cauchemar jouissif dure près de huit minutes truffées de solos radicaux et de hurlements. Black Sabbath continue à définir le heavy metal avec “Paranoid”, plongée dans la folie qui rivalise avec les plus grands moments de Led Zeppelin. Un must meurtrier du quatuor qui n’a pas pris une ride. Après un détour dans un univers progressif avec “Planet Caravan”, ces adeptes du macabre repartent à l’assaut avec le terrible “Iron Man”. Menaçant et pesant, ce titre est sublimé par la guitare débordant de fuzz de Tommy Iommi, la rythmique d’outre-tombe dispensée par le duo Geezer Butler (basse) et Billy Ward (batterie) et les incantatio­ns à la Boris Karloff d’Osbourne. Des riffs de zombie accompagne­nt “Electric Funeral” et sa morbidité glaçante puis Black Sabbath propose une lente descente aux enfers avec “Hand Of Doom” et un Tommy Iommi plus affûté que jamais. Le heavy blues ressuscite au gré d’un court instrument­al entrecoupé de variations de batterie jazzy (“Rat Salad”) et surtout avec “Jack The Stripper/ Fairies Wear Boots”, dernier soubresaut frénétique des amateurs d’occulte. Aussi redoutable que le jour du Jugement dernier, “Paranoid” est le nec plus ultra de Black Sabbath.

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