Rock & Folk

George Harrison

“ALL THINGS MUST PASS” APPLE

- STAN CUESTA

Il se sentait à l’étroit dans les Beatles, ne réussissan­t pas à caser toutes ses compositio­ns (la chanson-titre de cet album lui fut notamment refusée). L’émergence de George Harrison compositeu­r a probableme­nt contribué à faire exploser le groupe au moins autant que l’arrivée de Yoko Ono. Il faut dire que, de “While My Guitar Gently Weeps” à “Something” en passant par “Here Comes The Sun”, on commençait à comprendre que l’homme avait un sacré talent. Alors en 1970, il s’enferme en studio avec Phil Spector et un groupe titanesque — grosso modo, il y a Derek & The Dominos, plus le Plastic Ono Band, plus Badfinger, plus la section de cuivres des Stones, plus Gary Brooker, plus Dave Mason, plus Billy Preston et on en oublie quelques-uns — et en ressort avec un triple album. En CD, cela ne fait plus que deux disques mais tout de même, quel morceau... Les chansons sont quasiment toutes magnifique­s, de “I’d Have You Anytime” (écrite avec Bob Dylan) à “If Not For You” (signée Bob Dylan) en passant par “Wah-Wah” (du pur Phil Spector, grandiose), “Isn’t It A Pity”, “What Is Life” et bien sûr “My Sweet Lord”, immense succès, bien supérieur à celui que Lennon et McCartney obtiendron­t en solo avant longtemps. Qu’elle ait été pompée de manière inconscien­te aux Chiffons — et encore, ce n’est pas aussi flagrant qu’on veut bien le laisser croire — ne lui enlèvera jamais son charme. George Harrison joue de la guitare comme personne, chante magnifique­ment d’une voix douce et étranglée, géniale, tous les titres cités sont d’une douceur absolument confondant­e et possèdent un style reconnaiss­able entre mille. Ensuite, ce demi-dieu produira des albums qui comptent parmi les plus ennuyeux de toute l’histoire du rock, tout en étant capable de revenir par moments (“Cloud Nine”) au niveau de ce véritable chef-d’oeuvre à la beauté inentamée.

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19 70

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