Neil Young
“HARVEST”
REPRISE RECORDS
Cet album est parfait. Au fil des années, le fan de Neil Young deviendra snob et fera toujours semblant d’en préférer un autre, que ce soit “After The Gold Rush” ou “Tonight’s The Night”. Mais “Harvest”, c’est autre chose. C’est un album universel. A une époque, tout le monde l’a acheté, ou au moins écouté. Si un disque avait dû changer le monde dans les années 1970, ça aurait été celui-là. Impossible de résister à son écoute : on est immédiatement pris d’une envie irrépressible d’aller vivre à la campagne (“Are You Ready For The Country ?”), en communauté, avec des guitares et du tabac à rouler. Certains n’en sont jamais revenus. Et ça fonctionne toujours. Pourquoi ? Les chansons, tout d’abord, sont de première classe et magnifiquement produites. Il y a du folk acoustique (“The Needle And The Damage Done”, qui traumatisera des générations entières d’adeptes du fingerpicking…). Des ballades déchirantes au piano (“Harvest”) ou avec grand orchestre (“A Man Needs A Maid” et “There’s A World”, arrangées par le maître, Jack Nitzsche). Du rock strident (“Alabama”, “Words”) et des titres inimitables au son boisé (“Out On The Weekend”, “Heart Of Gold”, “Old Man”) qui influenceront toute la vague dite alt-country, baudruche rapidement dégonflée à l’écoute de ce disque fondateur. Malgré les styles très divers de ces chansons enregistrées de janvier à septembre 1971 dans différents studios, l’unité de l’ensemble est impressionnante. Le groupe, excellent, n’y est pas pour rien. Les Stray Gators rassemblent, autour du bassiste Tim Drummond (James Brown !), Kenny Buttrey à la batterie (Bob Dylan, entre autres), Ben Keith à la steel guitar (qui deviendra un fidèle de Neil) et l’indispensable Jack Nitzsche au piano. Les choristes ? David Crosby, Stephen Stills, Graham Nash, James Taylor et Linda Ronstadt !
Et bien sûr, planant tout là-haut, la voix de Neil Young, incroyable, belle à pleurer. N’écoutez pas les snobs, cet album est magique, intemporel et indispensable.