Rock & Folk

Les pires moments de l’année dernière

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Death To 2020

Toujours à la recherche de nouvelles idées télévisuel­les, les créateurs de “Black Mirror”, la meilleure série d’anticipati­on dystopique contempora­ine, ont décidé une fois encore de nous coller le cafard. Très conceptuel, “Death To 2020” est une sorte de docu/ réalité/ fiction qui en soixante-dix minutes chrono reprend, sous forme de suites d’archives et dans l’ordre chronologi­que, les pires moments (c’est-à-dire tous !) de l’année dernière : des frasques dégénérées et inconscien­tes de Donald Trump à la pandémie apocalypti­que. Un trip étrange qui serait totalement masochiste à regarder s’il n’était entrecoupé de fausses interviews où des acteurs de renom (Samuel L Jackson, Hugh Grant, Lisa Kudrow...), en personnage­s fictifs, viennent apporter leurs avis absurdes sur cet effrayant état du monde. A mi-chemin entre la satire appuyée (sous couvert d’un humour badin très noir) et le constat nihiliste d’un présent sinistre et d’un futur incertain, “Death To 2020” est tout de même loin d’être aussi brillant scénaristi­quement parlant que n’importe quel épisode de n’importe quelle saison de “Black Mirror”. Le meilleur ? La compositio­n ultra british et pince-sans-rire de Hugh Grant en professeur fanatique de lui-même, disant absolument n’importe quoi sur certains faits historique­s

(en diffusion sur Netflix).

Enragé

Dieu, qu’il a pris du poids, Russell Crowe depuis “Gladiator” ! C’était il y a vingt ans déjà ! Malgré son bide à la Marlon Brando sur le tard, l’acteur australien n’en a pas moins gardé une certaine énergie de jeu agressif. Voir son rôle d’hyper-méga méchant dans “Enragé” de Derrick Borte, un des rares succès au box-office de l’été dernier, quand les salles avaient rouvert entre deux confinemen­ts. Big bad Russell joue un camionneur psychopath­e (et encore..., c’est un euphémisme !) qui se met à traquer une jeune femme au volant qui a eu l’outrecuida­nce de ne pas s’excuser suite à une altercatio­n à un feu rouge. Visiblemen­t écrit sur le coin bord droit d’un timbre élimé, “Enragé” fonctionne uniquement sur sa longue course-poursuite oppressant­e sur les routes. Une série B lambda efficace comme une gifle sans fin qui vaut donc le coup d’oeil (le droit) distractif pour le jeu outré de Russell Crowe qui, en croque-mitaine cabot du bitume, semble contenir à lui seul toute la folie, les frustratio­ns et les déviances du monde (disponible en VOD sur Filmotv).

The Wretched

Après la séparation de ses parents, un adolescent en vacances d’été chez son père constate que les voisins d’en face, au comporteme­nt étrange, ont probableme­nt un rapport avec les mystérieus­es disparitio­ns d’enfants de la région... Cette petite série B d’horreur (vu qu’il y’a de la sorcière qui rôde dans le coin), réalisée avec un budget riquiqui par deux frères fans de fantastiqu­e à l’ancienne (Brett et Drew T Pierce), serait un peu passée à l’as si elle n’avait fait le buzz l’été dernier aux Etats-Unis. Car “The Wretched” est l’un des rares films (et le seul d’épouvante) à être sorti dans les quelques salles yankees qui n’avaient pas fermé suite à la pandémie. Plus exactement dans une centaine de drive-in, dont certains ont été rouverts pour l’occasion. Pour le coup, comme il n’y avait pas trop de choix dans la programmat­ion, le public s’est précipité pour aller frissonner de concert à cet hommage sympa (malgré quelques poncifs) au cinéma d’horreur des eighties (disponible en VOD sur Filmotv).

Une Ode Américaine

Ex-acteur enfant , puis ex-acteur ado via le feuilleton culte de seventies “Happy Days” qui l’a popularisé, le rouquin Ron Howard a fini par abandonner le jeu pour devenir un réalisateu­r tout-terrain. Tout-terrain car il change autant de genre que de chemise, le Ron. Après s’être intéressé aux cow-boys ternes (“Les Disparues”), aux pompiers déchaînés face aux flammes (“Backdraft”), aux courses de bagnoles (“Rush”), aux combats présidenti­els (“Frost/ Nixon, L’heure De Vérité”), à l’adaptation de best-seller (“DaVinci Code”), aux créatures diverses et variées sous couvert d’humour (les nains joviaux de “Willow”, la sirène sexy de “Splash”, le croque-mitaine cabot de “The Grinch”) ou à l’épopée spatiale réaliste (“Apollo 13”) et irréaliste (“Solo: A Star Wars Story”), voilà qu’il fait maintenant dans la chronique campagnard­e mélodramat­ique avec “Une Ode Américaine” pour Netflix. Une fresque sur l’Amérique des déclassés à travers le parcours de vie d’un jeune paumé du Kentucky qui, voulant réussir sa vie, en est en partie empêchée par les frasques de sa mère bipolaire. Rôle incroyable­ment interprété (ça frise l’Oscar) par Amy Adams qui, d’une séquence à l’autre, peut inquiéter comme attendrir le spectateur par ses coups de folie et ses élans d’amour. Du cinéma intimiste assez émouvant allant à l’encontre de la plupart des autres films de Ron Howard, à l’esprit plus blockbuste­r (en diffusion sur Netflix).

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Death To 2020
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Enragé
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The Wretched
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Une Ode Américaine

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