Rock & Folk

Pop réinventio­n(s)

Suivaient-ils les modes ? Cherchaien­t-ils le succès à tout prix ? Ou étaient-ils simplement trop géniaux pour rester sur place ?

-

En cinquante ans de carrière, les Bee Gees comptent au moins six phases majeures. Que voici.

Austral weeks

(1962-1966)

Huit ans aux Antipodes, c’est toute une enfance à fantasmer sur la pop venue du bout du monde. Valses à trois voix, ballades Beatles, mid-tempos Hollies, avec des petits bouts de doo-wop dedans… Au compteur, deux albums, une dizaine de singles, deux douzaines de démos et un tube parfait pour finir (“Spicks And Specks”). Pas mal pour des débuts.

-En plus des hits : “Wine And Women”/ “I Don’t Know Why I Bother With Myself”/ “Butterfly”/ “Everyday I Have To Cry”/ “I Am the World”

L’appel de Londres

(1967-1969)

De retour au pays, les Bee Gees prennent le train en marche, usinant des caresses pop avec des accents soul (“To Love Somebody”), baroques (“Turn Of The Century”), sacrés (“Holiday”) ou psyché (“Every Christian Lion”). De temps en temps, le guitariste Vince Melouney ajoute même un peu de stridences garage (“In My Own Time”, “The Earnest Of Being George”) sur des nuggets qui ne rougiraien­t pas de remplacer “I Want To Tell You” sur “Revolver” ou “Citadel” sur “Their Satanic Majesties Request”. Osons le dire : les albums “Bee Gees’ 1st”, “Horizontal”, “Idea” et “Odessa” seraient placés sur le même Olympe que “Odessey And Oracle” si, comme les Zombies, les Bee Gees s’étaient arrêtés là.

“I Can’t See Nobody”/ “Daytime Girl”/ “Sir Geoffrey

Saved The World”/ “Idea”/ “Lamplight”.

Entre deux eaux

(1969-1974)

Les vrais trésors cachés, c’est ici. Maurice s’affirme (“You Know It’s For You”), Robin est à son sommet vocal (“When Do I”, “Mr. Natural”), Barry alterne mode Lennon (“Every Second Every Minute”), gospel blues à la Jagger (“Lion In Winter”), blue eyed soul (“Israel”), moog yiddish (l’incroyable “Paper Mache”) et ballades au sucre chaud (“Then You Left Me”), avant de lancer la machine R&B (“I Can’t Let You Go”). Dans la période, le disque le plus aimé des fans est “Trafalgar” (1971) mais “2 Years On” (1970) et “To Whom It May Concern” (1972) méritent aussi une place dans la rubrique Rehab’ de Rock&Folk.

“2 Years On”/ “Walking Back To Waterloo”/ “Please Don’t’ Turn Out The Light”/ “A Lonely Violin”/ “Dogs”.

Poussée de fièvre

(1975-1981)

Les triomphes disco sont d’abord des disques pop quasi parfaits, remplis de hooks mortels et de slows chefs-d’oeuvre, dont ce qui reste la chanson pivot de l’oeuvre Gibb, la divine et indépassab­le “How Deep Is Your Love ?”. Mentions spéciales aux deux LP qui encadrent la période, le classique “Main Course” et le mal aimé “Living Eyes”, où les frères tournent le dos au falsetto pour entrouvrir la porte des synthés des années 1980 sans rien perdre de leur génie mélodique. “Your Love Will Save The World”/ “Edge Of The Universe”/ “Spirits (Having Flown)”/ “Living Eyes”/ “Cryin’ Every Day”.

Les vieux beaux

(1982-2001)

Au début des années 1980, les Gibb avancent masqués, écrivant des tubes pour Barbra Streisand, Dionne Warwick, Diana Ross ou Kenny Rogers. La renaissanc­e en 1987 porte bien son titre (“You Win Again”, super refrain) mais n’annonce pas que du bon : un son mêlant beats pseudo hip hop et guitares pseudo metal, et une discutable quête de look entre U2, esthétique eurodance et approximat­ion de “Matrix”. Restent les singles (“Alone”), les ballades (“Wish You Were Here”, dédiée à Andy) et des éclats de brillance pop sous une couche de mauvais goût qui donnerait presque raison à leurs détracteur­s. Mais presque seulement.

“Wish You Were Here”/ “Secret Love”/ “Above And Beyond”/ “Rings Around The Moon”/ “This Is Where I Came In”. LH

Newspapers in French

Newspapers from France