Altin Gün
“Yol” GLITTERBEAT
Depuis le début des années 2000, nombreux étaient les musiciens qui fantasmaient sur les compilations psychédéliques internationales comme “Turkish Freak Out” ou “Back To Peru”, mais les Hollandais d’Altin Gün ont été les premiers à s’approprier un répertoire des années 1960/ 1970 pour en imaginer une version moderne. Porté par le duo de chanteurs Merve Dasdemir et Erdinç Ecevit Yıldız, le groupe mené par Jasper Verhuit (croisé chez Jacco Gardner) a remis la pop psychédélique turque au goût du jour, inspirant de nombreux émules à suivre la même démarche pour d’autres contrées (Yin-Yin, Al-Qasar, Flamingods...). Pour son troisième album, Altin Gün opère une véritable mue esthétique en poursuivant un mouvement entamé avec
“Süpürgesi Yoncadan” sur le précédent disque : celui d’une pop synthétique. On peut y voir la conséquence d’une année de confinement durant laquelle les albums ont été conçus pendant des réunions Zoom, sans possibilité de vraiment jouer ensemble. On commence à le constater : à force de bidouiller chez soi des synthétiseurs vintages pour tromper l’ennui, de nombreux musiciens vont vers une musique de plus en plus électronique. C’est le cas sur “Yol” où les beats remplacent les batteries et les nappes de synthétiseurs créent de la structure. Quand la machine groove autour des lignes de basse de Verhuit, cette synthpop est irrésistible (“Bulunur Mu”, “Sevda Olmasaydi”), surtout quand elle assume son côté disco (“Maçka Yollan”). Quand le tempo retombe et que seuls restent des synthés façon variété des années 1980, on est plus circonspect (“Arda Boylari”, “Esmerim Güzelin”). L’influence de Tame Impala est manifeste sur le titre “Ordunun Dereleri”. Est-ce pour autant une bonne chose ? ★★★