Rock & Folk

Fleet Foxes

“Shore” ANTI/ PIAS

- ERIC DELSART

Avec la voix cristallin­e de Robin Pecknold, ces choeurs irréels et ces mélodies intemporel­les interprété­es par une assemblée de bardes hirsutes qui semblaient sortir des bois, Fleet Foxes a créé sur ses deux premiers albums une musique unique, portée par une imagerie et une mystique qui confinaien­t à la magie. Puis les choses ont déraillé. Le batteur est parti chanter des chansons lubriques sous le nom de Father John Misty, Pecknold a mis le groupe sur pause quelques années et est retourné à la fac s’aérer l’esprit. Fleet Foxes a fini par ressurgir en 2017 avec “Crack-Up”, disque cérébral qui s’écrasait un peu sous le poids de ses idées, et qui témoignait surtout que le groupe avait abandonné son cosplay de Steeleye Span. “Shore” confirme cette émancipati­on de l’idiome folk (comme on l’entend dans son sens original), d’autant que Pecknold est le seul membre du groupe qu’on entend sur le disque — officielle­ment pour des raisons liées au confinemen­t, mais on notera qu’il y a de nombreux invités ici, comme Kevin Morby. Ce disque solo non avoué reprend certains codes du groupe : harmonies célestes, mandoline (“Featherwei­ght”) et ces mélodies plaintives qui s’égrènent doucement dans le cerveau (“Sunblind”, magnifique), mais le message est plus positif, plus apaisé. Pecknold a mûri, les angoisses qui nourrissai­ent “Helplessne­ss Blues” il y a dix ans sont aujourd’hui mieux gérées par le chanteur (comme l’indique le texte de “Young Man’s Game”) et sa musique, plus lumineuse, s’en ressent. Plus qu’un retour en forme, “Shore” semble augurer d’un nouveau départ pour le groupe et un Robin Pecknold plus libéré que jamais. ★★★★

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