Rock & Folk

Lost Horizons

“In Quiet Moments” BELLA UNION/ PIAS

- CHRISTOPHE BASTERRA

Lost Horizons, ce sont d’abord des retrouvail­les. Des retrouvail­les avec deux héros de nos années newwave : Simon Raymonde — bassiste des géniaux Cocteau Twins et, depuis plus de deux décennies, éminence grise du label Bella Union — et Richie Thomas — batteur mais pas que, croisé au siècle dernier au sein des mésestimés Dif Juz, mais aussi de Jesus And Mary Chain, Felt ou Moose, soit un CV qui relève du fantasme. Voici quatre ans, les deux hommes réalisaien­t un épatant premier album au titre hispanique, “Ojalá”, où ils renouaient avec des Atmosphere brumeuses et des mélodies qui s’offraient avec pudeur. Drapé d’une superbe photograph­ie du Français Jacques-Henri Lartigue — annonçant que par ici, le temps est comme suspendu —, “In Quiet Moments” poursuit la même quête d’une beauté noble qui jamais ne se fane. Reprenant la formule chère au projet This Mortal Coil — dont Raymonde fut l’un des artisans précieux —, le tandem invite à nouveau voix masculines ou féminines pour colorier ses seize compositio­ns aux courbes élastiques. Il y a bien sûr le bleu de la mélancolie, comme sur “Grey Tower” interprété par Tim Smith de Midlake, “Cordelia” murmuré par le fantasque John Grant, ou “Blue Soul”, dont le groove éploré sied à merveille à Laura Groves ; il y a le gris de l’acier tranchant, le temps d’un petit miracle de post-pop bravache intitulé “One For Regret”, porté par Dana Margolin de Porridge Radio ; il y a l’orange d’un ciel entre chien et loup sur la chanson éponyme, interprété­e avec une classe folle par le vétéran soul Ural Thomas… Alors, avec quelques échos de leurs vies d’avant (la Suédoise Kavi Kwai dans le rôle de “la voix de Dieu”), Raymonde et Thomas parviennen­t à offrir à leurs passés un présent flamboyant. Et un futur à l’avenant. ★★★★

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