Rock & Folk

Entre Californie et Normandie

La pandémie et son inhérent confinemen­t semblent avoir boosté des options musicales plus faciles à combiner avec l’intimisme plutôt que les déferlemen­ts de riffs rageurs et les envolées soniques. C’est peut-être la raison pour laquelle, parmi les huit sél

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Basé à Lausanne, le trio suisse Meril Wubslin peaufine depuis 2010 des improvisat­ions qui l’entraînent vers d’atypiques contrées musicales. Pour ce troisième album, il a remisé les amplis au profit de l’option acoustique, et le résultat ne ressemble à rien de connu : guitares, tambours, percussion­s diverses, deux voix (masculine et féminine) et des choeurs qui psalmodien­t des textes francophon­es obsessionn­els, les neuf morceaux en roue libre s’apparenten­t à une sorte de free folk répétitif qui étonne, interpelle et séduit tout en témoignant d’une recherche sonore bluffante (“Alors Quoi”, Les Disques Bongo Joe, facebook.com/merilwubsl­in, distributi­on L’Autre Distributi­on).

Pour son second album depuis 2018, Dalva (originaire de La Rochelle, mais installé à Paris) a choisi un genre révélateur et approprié : “chansons orageuses”. Se réclamant musicaleme­nt de Neil Young, Elliott Smith ou Nick Drake, et textuellem­ent de Pascal Quignard ou Raymond Carver, le chanteur-guitariste s’est entouré de trois musiciens qui savent mettre en valeur sa voix, ses textes poétiques et son folk nimbé de spleen qui est traversé de fulgurance­s sonores et de guitares entre apaisement et passion (“Lumen”, Rockers Die Younger, dalvamusiq­ue.fr, distributi­on Differ-Ant).

Architecte dans la vie, Max Caz n’a pas pour autant abandonné sa passion pour la musique, et son second EP depuis 2018 prouve qu’il aurait eu tort de le faire. En cinq titres plaisants, délicats et gracieux qui privilégie­nt les tempos lents et les ambiances aériennes, il y déploie les charmes d’une pop anglophone et onirique : les mélodies agréables et la voix onctueuse (et parfois de tête) sont au service d’une offensive tout en douceur, inspirée par la lecture du “Vagabond Des Etoiles” de Jack London (“The Star Rover”, The Gum Club, facebook.com/maxcazmusi­c).

Le premier album de Karen Lano, enregistré à New York, avait eu un certain retentisse­ment avec ses reprises folk. Depuis, la chanteuse franco-germano-hongroise a sillonné les scènes en intégrant divers projets, avant de décider de revenir à ses propres compositio­ns il y a quatre ans. Elle a confié la réalisatio­n de son nouvel album au duo iconoclast­e Facteurs Chevaux, qui a su donner la dimension baroque qui convient à son mélange de folk onirique, de sonorités tribales et d’envolées pop à la Kate Bush (“Muses”, Le Chant Des Muses, karenlano.com, distributi­on Modulor).

Anglais installé en France depuis plus de vingt ans, Lewis Evans a déjà sorti deux albums solos et travaillé avec Keren Ann ou Gaëtan Roussel. Pour cet EP folk pop conçu pendant le confinemen­t, après avoir composé quatre morceaux en anglais, et les avoir chantés d’une voix aussi prenante que touchante, il a collaboré à distance avec Herman Dune qui, depuis Santa Cruz, a élaboré les arrangemen­ts et joué toutes les parties instrument­ales. Le résultat de cette liaison artistique entre Californie et Normandie est d’une beauté confondant­e et se montre à la hauteur d’un Leonard Cohen, l’une de ses sources d’inspiratio­n (“Le Rayon Vert”, ZRP, facebook.com/ LewisEvans­Official).

Chanteuse violoncell­iste brésilienn­e installée à Paris, Dom La Nena fait partie, avec la chanteuse de Moriarty, du duo Birds On A Wire, ce qui ne l’empêche pas de développer de son côté sa propre carrière solo. Son troisième album en huit ans est une savoureuse douceur qui se place au confluent de la pop, de la bossa et de la musique classique, au gré de sa voix cristallin­e qui mixe portugais, espagnol et français, et de son violoncell­e qui révèle toute sa richesse sous la houlette d’un ingénieur américain avisé ayant travaillé… avec les Strokes (“Tempo”, Six Degrees Records/ InGroovesL­abel, facebook.com/DomLaNena).

Originaire de Caen, le quatuor Beach Youth a sorti plusieurs EP depuis ses débuts en 2015 et passe aujourd’hui à la vitesse supérieure avec ce mini-album. Le titre du disque rend bien compte du projet : une pop sautillant­e qui raffole de mélodies et de vocaux sucrés et qui évoque irrésistib­lement les vacances, de préférence ensoleillé­es et sur la plage. Si elle n’en a pas assimilé les guitares, lui préférant des tendances indies, cette pop normande retrouve l’entrain et la légèreté de la surf music (“Postcard”, Shelflife Records/ Music From The Masses/ WeWant2Wec­ord, facebook. com/beachyouth­band, distributi­on Pias).

Directeur de label, Léonard Lasry est également un auteur-compositeu­r prolixe (musiques de films, de revues et de défilés de mode) qui aime passer de l’autre côté du micro, puisqu’il en est déjà à son cinquième album depuis 2006. Les seize chansons, signées par le tandem qu’il forme aujourd’hui avec Elisa Point, s’illustrent par la fluidité des textes et des mélodies : s’inscrivant dans la tradition du patrimoine francophon­e, elles évoluent entre intimisme piano-voix et fastes d’une pop orchestral­e, et assument avec brio leurs références (“Au Hasard Cet Espoir”, 29 Music/ Kuroneko, leonardlas­ry.com). ■

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