Rock & Folk

“Catherine Ringer Chante Les Rita Mitsouko…”

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Because Music

Il faudra s’en souvenir, le dire et le répéter, des fois qu’on ne nous croie pas, que, en France, fin 2020 et entre le deuxième et le troisième confinemen­t dû au Covid-19, un digipak de Catherine Ringer chantant les Rita Mitsouko a été envoyé à la presse. Musicale mais pas seulement. Dans ce bel objet de couleur orangée, trois disques ont été… rangés. Deux consacrés à l’audio des concerts que l’artiste supérieure de la musique française — depuis un petit bail

— a donnés un an plus tôt à la Philharmon­ie de Paris et, pour faire bonne mesure, un DVD garni d’images qui vont bien avec. Il faudra se rappeler que ces jours-là, la Ringer, qui ne recule devant rien ni même un tank, est montée sur scène en mode sports d’hiver, avec un pull pour faire du ski, un bonnet à pompon sur la tête et, détail qui tue, des gants Mapa aux mains. Pas comme Rita Hayworth, pas comme dans “Gilda”, mais culte quand même. Catherine, on l’a compris dès le début des années 1980, ça a toujours été autre chose. Une femme, forte en gueule et en voix, comme une pieuvre dans son jardin, une anguille, qui, avec Fred à ses côtés, puis Chichin dans la tête, ne s’est jamais laissé attraper ni amadouer, et encore moins emprisonne­r par un style, une mode ou un courant d’air. Comme elle le prouve dans ce show réalisé par Laurent Benhamou, elle continue de n’en faire qu’à ses envies et son intuition : dès “Les Histoires D’A”, deuxième titre ici, à l’heure où la majorité sentencieu­se nous bassine avec de l’electro, le plus souvent de pacotille, Catherine Ringer lâche les guitares, sauvages et en duel (tenues par Paul Pavillon et Raoul Chichin), comme en 1975. Cette obstinatio­n de style et de ton, cette ténacité à ne jamais être autre chose ou quelqu’un d’autre qu’elle-même, on les goûte tout au long de cette prestation en forme d’hommage tout sauf triste, et bien agréable à revivre. Elles crèvent évidemment les yeux, les oreilles et les souvenirs dans l’incontourn­able “Marcia Baïla”, improbable messe qui justifie la première apparition de danseurs ravis de se joindre à la fête, la troublante et bleutée “Triton” (et des guitares à la tierce cette fois), la funky “Hip Kit” — avec Dee Nasty au scratching —, prétexte, pour Noël Assolo, à faire gronder sa basse de manière diabolique, ou l’irrésistib­le “Les Amants”. Proposé en 16/9 et son stéréo mixé à New York par le plus que compétent Mark Plati (un ami de la famille désormais), le show s’achève sur une rafale de titres à l’efficacité confirmée en live (“Tongue Dance”) et des tubes inoxydable­s (“Le Petit Train”, “Andy”) que le public guette, même s’il reste attentif lorsque, serviette sur la tête et juste avant “C’est Comme Ça” (qui, plus que jamais, vaut tous les discours), Catherine Ringer, tout en retenue, revisite la moins connue “Même Si”. La version originale figure sur “Variéty”, le dernier album studio des Rita paru il y aura bientôt quinze ans. ■

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