Kings Of Leon
“When You See Yourself” RCA/ SONY MUSIC
Kings Of Leon est un groupe énorme... aux Etats-Unis et en Angleterre. En France, comment dire ? On résiste encore et toujours à l’envahisseur. Une situation qui doit contrarier la multinationale qui distribue ses enregistrements. Qu’est-ce que c’est que cette anomalie industrielle ? Un pays qui accueille Elliott Murphy à bras ouverts et fait la fine bouche devant l’oeuvre de nos poulains ? Les trois frères et le cousin barbudos ont commencé leur carrière comme des sortes de Lynyrd Skynyrd 2.0. C’était rigolo. Puis ils ont évolué. Fini de rire. Ils sont progressivement devenus des sortes de néo-U2, avec production modernisée, mélodies génériques et textes flous, prêts pour les stades, qu’ils remplissent. Enfin, remplissaient.
Pour compenser, ils préparent une tournée de concerts virtuels en “livestream” pour la sortie de ce disque (bâillements). Il s’agit donc de leur huitième album, enregistré à Nashville et produit, comme le précédent, par Markus Dravs (Florence And The Machine, Arcade Fire, Mumford & Sons). Très chic, donc. Et qui s’écoute très agréablement, même si la voix geignarde est un peu fatigante à la longue. Cette musique engendre la même sensation d’ennui poli que certaines “grandes oeuvres” de Radiohead. On écoute, on admire, on ne touche pas. Il y a un public pour ça. Le dernier morceau, “Fairytale” tourne sur les deux mêmes accords que “Walk On The Wild Side”, mais ça ne suffit pas : dès que rentre la voix noyée dans l’écho, on comprend la différence entre une grande chanson et une chanson de Kings Of Leon. A l’arrivée, un album bien fait, voire parfait, mais qui n’éveille rien. Pas une émotion. Ni enthousiasme, ni colère. Bienvenue dans le meilleur des mondes.