Rock & Folk

THE TWIN SOULS

Prendre deux frangins. Les plonger dans un bain de classic rock. Laisser infuser. Secouer la tête en écoutant le résultat : du rock garage tout en puissance brute et en mélodie.

- Isabelle Chelley

IL RèGNE UNE AMBIANCE DE QUASI NORMALITé (AVEC DES MASQUES) DANS LES LOCAUX DE VINYL FACTORY OU UN LIVE SE PRéPARE. Avec les frères Marcos, The Twin Souls à la scène, on se demande quelle guitare embarquer, parmi la collection accrochée aux murs, avant de se poser dans un coin pour discuter. L’avantage des fratries en interview, c’est qu’on peut zapper la question de la rencontre.

Deux têtes et quatre bras

“Notre mère nous avait acheté des compilatio­ns de hits des années 1950-1960, des pionniers du rock…” commence Guilhem. “Notre père était fan des Beatles. On avait tous leurs albums. Et ceux de Jimi Hendrix, ajoute Martin. On a aussi acquis une culture musicale grâce au skate. Dans les vidéos qu’on regardait, il y avait quasiment tout ce qu’on aime aujourd’hui.”

A la maison, la musique est un bien essentiel. Papa est guitariste et a passé les seventies en tournée avec les stars de l’époque.

Maman a joué de la batterie dans le groupe familial. Et le frère aîné a accompagné Zebda et Richard Bona. Première batterie à huit ans, les guitares, ce sera à douze. Le tout servi avec les bons conseils paternels. “Il a une super oreille, dit Martin. Petits, il nous faisait des listes de pédales à écouter… Et on recherchai­t le son qu’on aime, de Led Zeppelin à Creedence.” Les frangins partagent tout, des disques aux groupes. D’où ce nom de Twin Souls ? “Martin a rêvé qu’on était sur scène, on s’échangeait les instrument­s, on s’éclatait comme dans notre chambre… Et il m’a demandé : ‘Tu penses quoi du nom Twin Souls ?’ On en avait cherché plein qui étaient pourris… Celui-là nous définit bien.” Sur scène ou en vidéo, le duo est une créature à deux têtes et quatre bras échangeant sans cesse ses joujoux.

“A la base, Guilhem a été bassiste, moi guitariste et on s’est mis à la batterie pour ce duo. C’est du style, si tu as un riff, je t’accompagne à la batterie. Puis on inverse.” Même chose quand ils composent. “Martin est plus sur le texte que moi. Et 95 % des morceaux sortent du local de répétition en jouant à deux.” Tant pis pour les amateurs de clashes fratricide­s, ces deux-là se disputent peu. “Et si ça arrive, on refait du rock

et c’est réglé”, dit Guilhem dont la méthode de résolution de conflits devrait intéresser l’ONU.

Panique chez les frères

Le EP a été enregistré en quatre jours et mixé en trois. “On travaille dans l’urgence, ajoute Martin. Un jour, on glande, et le lendemain, c’est à 200%. On kiffe le studio, parce qu’on retranscri­t une énergie qui n’existe qu’en live, l’image en moins. On enregistre tout en live, tout est one shot. Tant qu’il n’y a pas la bonne prise, on refait.” Et pour le mastering, ces fans des projets de Jack White se sont adressés à Bill Kibble, chez Third Man. “On s’est dit, c’est dans nos moyens, raconte Guilhem, et le mec a masterisé tous les albums qu’on aime : Raconteurs, Kills, Black Keys…” En quelques heures, Kibble renvoie leurs fichiers. Panique chez les frères, jusqu’à ce que Martin écoute. “On a cherché le défaut, on ne l’a pas trouvé ! On a gardé sa première version. Il nous a répondu : ‘J’ai pris beaucoup de plaisir à travailler sur votre musique, j’aime ce que vous avez fait’.”

RECUEILLI PAR ISABELLE CHELLEY Album “II” (Smoky Sun Records/ Archipel)

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