Rock & Folk

ROYAL BLOOD

Un ouragan s’est abattu sur le duo de Brighton, emportant avec lui les riffs taillés dans la cuisse de Led Zeppelin pour faire place à un nouveau son. Le lourd s’est changé en groove.

- Sacha Rosenberg

“On peut danser dessus”

NOS CERTITUDES TOMBENT LES UNES APRèS LES AUTRES. On ne pensait pas un jour se questionne­r sur la possibilit­é de se procurer des haricots verts à 18 h 55. Et pourtant. Dans le monde de la musique, c’est pareil, les haricots en moins. Désormais, les groupes cherchent à faire ce qu’ils aiment, pas à perpétuer un son qui, à longueur d’année et de rabâchage, peut lasser le public et, les musiciens euxmêmes. C’est le cas de Royal Blood, qui revient avec “Typhoons”, un album griffé French Touch, taillé pour les dancefloor­s, qui malheureus­ement se limitent en ce moment à son propre salon. Les verres y sont moins chers mais, côté ambiance, on y perd un peu… De Royal Blood à Daft Punk, il n’y a qu’un casque, que les Anglais ont allègremen­t enfilé.

Daft Piano

Rock&Folk : Est-ce que ce n’est pas un peu frustrant de sortir un album de fête à une époque où on doit rester chez soi ? Mike Kerr : Pas vraiment, je pense que la fête se trouve partout et commence à n’importe quelle heure. Il suffit de trouver un petit stroboscop­e, et c’est parti !

R&F : Ce nouvel album est clairement influencé par la scène française. N’en déplaise à John Lennon, la France inspire-t-elle enfin musicaleme­nt l’Angleterre ?

Mike Kerr : La musique française a toujours fait partie de notre ADN. J’en ai écouté beaucoup en grandissan­t. Mon premier instrument était un piano, et j’ai appris à en jouer en reprenant des morceaux de Daft Punk. Je jouais ça en boucle. J’ai même voulu lancer un groupe de reprises qui se serait appelé Daft Piano. Cette musique m’a nourri en tant que musicien. Sur cet album, on a senti qu’il était temps de laisser sortir ces influences, d’éviter de nous censurer.

R&F : Peut-être aussi une volonté de ne pas refaire la même chose ?

Mike Kerr : Totalement, on voulait se renouveler, on n’avait pas du tout envie de revenir avec quelque chose qui sonne comme notre premier album. Ça aurait été tellement ennuyant. Pour nous comme pour les fans. C’est cette soif de nouveauté qui nous a amenés vers “Typhoons”. Dès les premières chansons, on a compris qu’on avait mis le doigt sur quelque chose. Un vrai son. Je déteste les groupes qui font des albums sur lesquels le premier single a une certaine vibe, et le reste du disque sonne comme ce qu’ils ont toujours fait. C’est d’une lâcheté !

R&F : Cela a-t-il été compliqué de conjuguer le son heavy de l’ancien Royal Blood avec celui, plus dansant, du nouveau ?

Mike Kerr : Ce n’était pas évident. Nous avons dû trouver une sorte d’équilibre parce qu’on voulait que cet album soit dansant, mais sans tomber dans le piège funk. On a donc mis un point d’honneur à tout de même garder des riffs lourds. Ils sont juste plus ronds, c’est pour ça qu’on peut danser dessus.

Daft Punk

R&F : Changer de son est une chose assez risquée. Est-ce qu’il y avait une sorte d’appréhensi­on à la sortie des singles ? Mike Kerr : Pas du tout. Je vis en permanence avec ces chansons. Je les écoute tous les jours et je ne m’en suis toujours pas lassé. Si quelqu’un ne les aime pas, et bien, ça me va. Je ne les ai pas faites pour lui. On ne peut pas rassembler tout le monde à chaque fois. Certains vont préférer le premier album, et d’autres le second. Je pense qu’il y a des gens qui vont nous découvrir avec “Typhoons”, et sûrement l’aimer. Ensuite, ils vont écouter “Out Of The Black”, et il est possible qu’ils détestent cette chanson. C’est pour ça qu’il faut faire les chansons pour soi et pas pour le public. On ne peut pas vivre en étant contrôlé par ses fans.

R&F : C’est tout de même un bon plan de sortir un album influencé par Daft Punk au moment de leur séparation ! Mike Kerr : Oui… Après, il n’est pas seulement influencé par Daft Punk. Ce n’est pas un album de Daft Punk, personne ne peut approcher leur génie. Ils sont intouchabl­es. Leur séparation m’a beaucoup attristé mais, en même temps, je les respecte tellement pour avoir pris cette décision alors qu’ils étaient au sommet. Cela donne encore plus de grandeur à cette séparation.

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